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C’est une pause qui fait polémique et irrite la droite et l’extrême droite française. Ce samedi 15 mars, le match de Ligue 1 entre le SCO d’Angers et l’AS Monaco a été interrompu à la suite d’une blessure du capitaine angevin, Himad Abdelli. On joue alors la 13e minute et l’arbitre Willy Delajod autorise les soignants à rentrer sur le terrain, ce qui interrompt de facto le match. A ce moment-là, et comme c’est souvent le cas lors d’une rencontre de football, les joueurs des deux équipes se pressent vers le banc de touche pour boire et manger. Plusieurs d’entre eux sont de confession musulmane, comme Moatasem Al-Musrati du côté de l’AS Monaco et Zinedine Ferhat, Carlens Arcus ou encore Yassin Belkhdim pour le SCO d’Angers.
Les commentateurs du match diffusé sur DAZN font alors savoir que les encadrements des deux équipes ont eu le feu vert du délégué de la Ligue de football professionnel (LFP) pour que les joueurs musulmans puissent casser leur jeûne. Un peu avant l’arrêt de jeu, l’un des commentateurs avait d’ailleurs signalé des paniers de fruits sur le bord de la pelouse. De quoi laisser penser qu’il s’agit d’une «pause ramadan», qui serait une première dans un match de première division française. Et alimenter les polémiques.
Contactée par Libération, la Fédération française de football (FFF) dément l’interruption volontaire du match Angers-Monaco pour casser le jeûne du ramadan. L’instance affirme que les joueurs se sont dirigés vers le banc de touche pour boire, comme c’est toujours le cas lors d’un arrêt de match à la suite d’une blessure.
Si le sujet fait polémique, c’est que la FFF interdit formellement toute pause liée à la rupture du jeûne du ramadan, car contraire «au principe de neutralité du football sur les lieux de pratique» de ce sport. La LFP a décidé, elle aussi, de ne pas accorder de coupure pendant les matchs de Ligue 1 pour ces raisons. Des positions qui ont souvent été critiquées dans le milieu du football. L’an dernier, Habib Beye, alors entraîneur du Red Star en troisième division (le club francilien évolue aujourd’hui en Ligue 2) avait estimé qu’il s’agissait d’«une discrimination religieuse». «On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases, on est en train de diviser, alors qu’on devrait unir autour de cette logique de religion et de partage», avait déclaré celui qui est depuis devenu coach du Stade Rennais en Ligue 1.
Ce lundi 17 mars, François Xavier-Bellamy, député européen Les Républicains, indiquait sur Sud Radio qu’il s’agissait d’un «vrai grand moment de rupture avec le projet français». Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti de droite, dénonce sur X des agissements «inacceptables» et appelle la ministre des Sports à «faire respecter la laïcité». La sphère Bolloré s’est aussi emparée du sujet avec son plus fidèle soldat Pascal Praud, qui y voit «une demande communautaire d’une nouvelle société» et qui doute même de la véracité de la blessure d’Himad Abdelli. Matthias Renault, député Rassemblement national de la Somme, a adressé une lettre à la FFF pour leur signaler cette décision «qui viole le principe de neutralité et de laïcité en vigueur sur un terrain de foot».
Volontaire ou non, l’interruption du match à Angers a permis à certains joueurs musulmans de rompre leur jeûne et remet en lumière cette problématique. A laquelle nos voisins apportent une réponse différente. En Angleterre ou en Allemagne, les joueurs de confession musulmane sont désormais autorisés à faire une pause pour casser leur jeûne pendant le match. Ce fut par exemple le cas le 9 mars pour le joueur mancunien Noussair Mazraoui, lors de la rencontre opposant Arsenal à Manchester United.
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L’UEFA, l’instance dirigeante du football européen, autorise aussi ces aménagements. Certains joueurs de Lille ont ainsi pu rompre leur jeûne lors de leur huitième de finale retour à domicile face à Dortmund en Ligue des champions. Une pause autorisée en coupe d’Europe, mais qui leur est interdite le week-end en championnat national.
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