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La fin de la dérogation parisienne repoussée. La ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, a décidé «un moratoire sur les suppressions de décharge d’enseignement», initialement prévues à la rentrée 2025 pour les directeurs d’école parisiens, a annoncé le ministère ce mardi 18 mars dans un communiqué. Depuis 1982, les responsables des établissements du premier degré de la capitale bénéficient d’un régime dérogatoire que le rectorat de Paris veut supprimer pour la prochaine rentrée, d’après une recommandation de la Cour des comptes, afin de faire des économies. Seules 52 écoles sur les 602 devaient être concernées par l’annulation de la décharge à la rentrée scolaire 2025.
Entre-temps, et face à la gronde des directeurs d’école et des parents d’élèves ayant fait grève, la ministre a lancé le 27 février une concertation entre le ministère, l’académie de Paris et la Ville de Paris. «Pour permettre à cette concertation d’aboutir dans les meilleurs délais», la ministre a donc décidé de repousser la suppression de ce régime dérogatoire. L’idée est de parvenir à un accord sur la mise en place d’un nouveau cadre qui serait «conforme à la réglementation», indique le communiqué du ministère. «C’est une très bonne nouvelle, ça va permettre d’apaiser la situation, même s’il reste le sujet du nombre trop important de fermetures de classes», a réagi Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo, qui a rencontré Elisabeth Borne la semaine dernière. «On est ravis de cette décision qui nous laisse un an pour négocier», a souligné de son côté Géraldine Langlade, de l’association des directeurs d’école ADE 75 qui a mené avec les syndicats la contestation contre la réforme.
Ce régime spécifique, que certains définissent comme un «privilège parisien», relèverait aujourd’hui d’«une forme d’impasse juridique et financière», selon Elisabeth Borne. Pour la Cour des comptes, l’exception parisienne représente clairement une «rupture d’égalité vis-à-vis des autres communes qui n’en bénéficient pas».
A Paris, le temps dégagé par ce régime dérogatoire permet aux directeurs d’assurer leurs missions administratives plutôt qu’éducatives, comme la gestion d’une partie du personnel scolaire. Pour ces compétences supplémentaires, les responsables bénéficient de primes par rapport au nombre de classes dans l’établissement, et parfois d’un logement de fonction. D’après la Cour des comptes, ce régime a représenté un coût annuel pour l’Etat de 116,4 millions d’euros pour l’année scolaire 2023-2024. Pour les directeurs d’école parisiens, plutôt que de supprimer leur avantage, mieux vaudrait l’étendre à toute la France, afin de ne plus avoir de responsables «en souffrance».
«Il n’y a pas d’obstacle financier en tant que tel», a affirmé Patrick Bloche. «On voudrait que la ministre prenne en compte la situation particulière des directeurs d’école parisiens, pris entre la mairie centrale et les 17 mairies d’arrondissements et à qui on confie beaucoup de missions sur l’organisation de l’école, les temps périscolaires et l’organisation du travail des 750 professeurs de la ville de Paris enseignant les arts plastiques, la musique, etc.», a plaidé le premier adjoint en charge de l’éducation. «Le régime de décharges de Paris ne doit pas être considéré comme privilégié mais plutôt comme une référence», selon lui.
«Je ne pourrai plus exercer mon métier qu’un jour par semaine», s’était inquiété Thomas Watanabe, à la tête d’une école maternelle dans le Ier arrondissement, craignant de ne plus pouvoir assurer certaines missions comme le recrutement des personnels accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) ou la prévention du harcèlement. D’autres parents d’élèves évoquent la possible fin de moments festifs à l’école, comme le carnaval, qui sont organisés par le directeur. Les résultats très attendus de la concertation lancée par Elisabeth Borne sont attendus pour «la fin du mois d’avril».
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