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Il a pris la parole depuis la prison de Louisiane où il «passe de longues journées à observer les injustices silencieuses perpétrées contre un grand nombre de personnes». Mahmoud Khalil, jeune diplômé palestinien de l’université new-yorkaise de Columbia arrêté le 8 mars pour avoir participé à des manifestations pour Gaza, a réservé ses premiers mots, dictés au téléphone à des proches, au Guardian. Le jeune homme dit être «un prisonnier politique» et dénonce la reprise des bombardements israéliens ces derniers jours : «Mon arrestation est une conséquence directe de l’exercice de mon droit à la liberté d’expression, alors que je plaidais pour une Palestine libre et la fin du génocide à Gaza, qui a repris de plus belle lundi soir. Avec la rupture du cessez-le-feu de janvier, les parents de Gaza bercent à nouveau des linceuls trop petits, et les familles sont contraintes de choisir entre la famine, le déplacement et les bombes. Il est de notre devoir moral de poursuivre la lutte pour leur liberté totale.»
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Mahmoud Khalil, 30 ans, avait été arrêté alors qu’il rentrait chez lui accompagné de son épouse enceinte de huit mois. Deux hommes en civil se réclamant du ministère de la Sécurité intérieure les avaient coincés à la porte de leur immeuble, avant de signifier son arrestation au jeune homme au titre que son visa étudiant aurait été révoqué. «Quand son avocate, qui a décrit la scène dans une déposition judiciaire sous serment, leur signifia au téléphone qu’il n’avait pas de visa, mais une Carte verte de résident permanent obtenue l’an dernier, il y eut un instant de flottement, avant qu’on ne lui oppose que cette carte “avait été annulée aussi” en haut lieu. Sommés de produire le mandat administratif dont ils se prévalaient, les agents auraient alors abruptement raccroché, embarquant alors le jeune homme vers une destination restée inconnue pendant plus de trente-six heures», racontait alors le correspondant de Libération à New York.
Malgré une vague de protestations à New York contre son arrestation à «l’odeur fétide du maccarthysme», il avait ensuite été transféré dans une prison fédérale du New Jersey, puis en Louisiane, dans un centre de rétention opéré par une société privée, décrit l’an dernier par un rapport de l’Union américaine pour les libertés civiles comme un «trou noir» des droits humains, dont les détenus tendent à «disparaître».
«[On] me prend pour cible dans le cadre d’une stratégie plus large visant à réprimer la dissidence», a déclaré Mahmoud Khalil, avertissant que «les titulaires de visas, les résidents permanents et même les citoyens seront tous visés en raison de leurs convictions politiques». «Dans les semaines à venir, les étudiants, les militants et les responsables élus doivent s’unir pour défendre le droit de manifester en faveur de la Palestine. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas seulement nos voix, mais les libertés civiles fondamentales de tous», a-t-il ajouté.
L’administration Trump accuse Mahmoud Khalil de mener des «activités alignées sur le Hamas» et a tenté de l’expulser en invoquant une disposition juridique rarement utilisée de la loi sur l’immigration et la nationalité de 1952, qui donne au secrétaire d’Etat américain le pouvoir d’expulser une personne des Etats-Unis si sa présence dans le pays est jugée susceptible d’avoir des «conséquences potentiellement graves sur la politique étrangère des Etats-Unis». Le jeune Palestinien n’ayant officiellement été accusé d’aucun crime, ses avocats soutiennent que l’administration Trump exerce contre lui des représailles illégales en raison de son activisme, en violation de sa liberté d’expression. Ils se battent actuellement devant un tribunal de New York pour qu’il soit ramené dans la ville où il vivait et pour obtenir sa libération. Un juge fédéral a suspendu son expulsion en attendant l’issue de la procédure judiciaire.
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