« La belle déco d’Instagram n’est pas forcément celle qui nous fait du bien », alerte une neuroarchitecte

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Un plaid tout doux, un tapis beige et une jolie table basse en bois. Alors que l’on entre petit à petit dans l’hiver, avec le changement d’heure ce dimanche, le besoin d’être bien chez soi, en mode cocooning, se fait de plus en plus sentir. Mais pourquoi privilégie-t-on certaines matières ou couleurs à d’autres ? Comment créer un intérieur réellement apaisant ? C’est à ces questions que tente de répondre la neuroarchitecture, une discipline émergente qui mêle neurosciences et architecture pour aller au-delà de nos simples goûts en matière de déco.

Entretien avec Georgia Crozet, architecte d’intérieur et diplômée d’un MBA en Neuroscience du comportement, qui donnera une conférence la semaine prochaine au salon Habitat & déco de Nantes.

La neuroarchitecture dit que le bâti a une influence sur nos émotions et nos comportements. Sur quoi peut-on agir ?

Une part importante de la neuroarchitecture est le travail sur la lumière. Celle-ci a un impact direct sur notre cycle circadien, et notamment sur l’hormone appelée cortisol, qui nous donne de l’énergie quand elle monte ou nous calme quand le taux baisse, en fin de journée. L’idéal est d’avoir un apport de lumière naturelle le matin, mais l’on sait que ce n’est pas toujours possible notamment car on passe beaucoup de temps au travail. C’est pour cela que je recommande d’avoir de la lumière jaune et non de la lumière bleue, trop froide.

Certains fabricants commencent à prendre cet aspect en compte, d’autant que des études ont montré que mieux réguler la lumière dans son logement permet d’aider face à la dépression saisonnière que vivent certains d’entre nous, quand l’apport de soleil diminue. Cela peut aussi être intéressant pour les personnes atteintes d’un trouble autistique.

Concernant les couleurs, on entend souvent dire que peindre une chambre en rouge, par exemple, n’est pas bon pour le sommeil…

Les couleurs ont des ondes qui peuvent en effet avoir un impact sur l’organisme : par exemple, on sait (et les fast-foods aussi) que le rouge ou le jaune donnent faim ! Dans une maison, il est donc important de connaître l’usage de la pièce et la personnalité de celui qui l’occupe. Pour une chambre, il faut privilégier des couleurs qui ont tendance à calmer, comme le jaune pâle, le rose poudré… Attention si la personne est déjà sujette à de la mélancolie, on sait que le violet peut accentuer cet état. Vigilance aussi pour la chambre des enfants, qui aiment le bleu et le rouge des super-héros, mais qui risquent d’avoir un environnement trop fort pour bien se reposer.

Pour un bureau, par contre, les couleurs vibrantes ont leur place, elles aident à rester éveillé. Il faut aussi travailler la lumière et ajouter quelques plantes pour tout de même calmer un peu.

Pourquoi certains ressentent le besoin de s’entourer de plantes vertes justement, au-delà du côté esthétique ?

Parce que l’espèce humaine a passé beaucoup plus de temps dans la nature que dans l’espace bâti, et notre corps a gardé ce besoin énorme de contacts avec la nature. C’est ce qu’étudie la biophilie, dont on parle de plus en plus. On commence par ouvrir une fenêtre qui donne vers l’extérieur, mais si ce n’est pas possible, il faut savoir que notre cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est réel ou non, comme quand vous avez peur en regardant un film d’horreur. Ce qui veut dire que même une photo, un cadre, vous fait vous sentir bien… C’est pour cela que je recommande d’apporter un maximum d’éléments naturels dans une maison : des matières comme le liège, le bois… Même du stratifié ou du carrelage imitation parquet vous apporteront du bien-être.

La neuroarchitecture s’intéresse aussi aux formes des meubles…

L’homme a tendance à s’éloigner des objets pointus car il en a peur. Des études ont montré que quand une table carrée est placée dans une pièce, les personnes passent un peu loin que si elle est arrondie, où certains viennent même la toucher. Ce qui fait que dans un appartement, surtout s’il est petit, il veut mieux privilégier une table ronde ou ovale, des objets arrondis, si l’on veut créer un environnement confortable.

Que pensez-vous de ces comptes de déco sur les réseaux sociaux qui montrent des intérieurs presque immaculés, où rien ne dépasse ?

On voit passer beaucoup d’intérieurs qui ressemblent à tout et rien, avec des murs et des meubles tout blancs. Et des objets que l’on voit partout, comme cet abat-jour métallique. Cela n’apportera rien s’il n’est pas associé à une mémoire affective, c’est-à-dire à de bons souvenirs. Par exemple, quand j’étais petite, ma grand-mère avait beaucoup d’orchidées dans son jardin, j’en ai mis dans ma maison car je les associe aux bons moments. S’il n’y a pas d’objet particulier, il ne faut pas hésiter à faire un mur de photos.

Une déco très belle sur Instagram ne va pas forcément vous donner du bien-être à vous. Par exemple, le style industriel va être trop froid pour certaines personnes qui travaillent déjà dans ce type d’environnement. Par contre, l’organisation et le rangement sont importants, car la maison est comme une deuxième peau, elle nous embrasse, avec forcément un effet miroir.

20 Minutes

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