Au Japon, le parti au pouvoir subit un revers historique aux législatives et perd sa majorité

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Le Parti libéral-démocrate du Premier ministre Shigeru Ishiba, en poste depuis moins d’un mois, a subi une lourde déconvenue ce dimanche 27 octobre, miné par un scandale financier.

Il pensait profiter d’un état de grâce, et il se prend une véritable claque. Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, nommé il y a à peine 26 jours, a vu son parti perdre sa majorité à la chambre basse du Parlement pour la première fois depuis 2009, lors de législatives ce dimanche 27 octobre qu’il avait lui-même convoquées. Selon des projections peu de la chaîne de télévision publique NHJ, juste après la fermeture des bureaux de vote, le parti au Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir n’obtiendrait qu’entre 153 et 219 sièges sur 465. Et impossible pour l’instant de savoir si son partenaire de coalition, le Komeito (centre droit), a obtenu suffisamment de sièges pour que les deux formations conservent la majorité absolue fixée à 233 députés.

Non seulement c’est une raclée pour le nouveau Premier ministre à peine débarqué, mais c’est aussi un échec inédit dans l’histoire de son parti, au pouvoir pendant la quasi-totalité de ses 69 ans d’existence. Il paye notamment la colère suscitée au sein de l’électorat japonais d’un scandale financier qui le mine depuis des mois. «Nous avons été sévèrement jugés», a déclaré l’intéressé à la NHK dans la foulée. Les électeurs «ont nettement exprimé leur volonté de voir le PLD réfléchir (aux causes de sa défaite) et devenir un parti agissant en ligne avec la volonté du peuple».

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En convoquant ces élections anticipées, juste après être devenu Premier ministre le 1er octobre, Shigeru Ishiba, 67 ans, espérait susciter un rebond parmi ses partisans et consolider son pouvoir. C’est tout l’inverse qui s’est produit. Lors d’un meeting, samedi, dans la capitale Tokyo, il promettait pourtant que le PLD voulait «repartir sur de nouvelles bases en tant que parti équitable, juste et sincère». Il promettait même «un nouveau Japon», espérant appliquer son programme de renforcement de la sécurité et de la défense, de soutien accru aux ménages à faibles revenus et de revitalisation des campagnes japonaises.

Sauf qu’une fois de plus, son parti a été rattrapé par un scandale de financement, qui avait déjà contribué à l’impopularité du précédent Premier ministre, Fumio Kishida. Alors que Shigeru Ishiba s’était engagé à ne pas soutenir la campagne des membres incriminés, le quotidien Asahi a rapporté que le PLD avait versé 20 millions de yens (122 000 euros) aux sections locales dirigées par ces responsables, provoquant la fureur de l’opposition et amplifiant les doutes sur l’issue du scrutin de dimanche.

L’actuel Premier ministre est également critiqué pour avoir fait marche arrière sur plusieurs sujets depuis son élection, comme la possibilité pour un couple marié de ne pas porter le même nom de famille, ou une plus forte taxation des plus-values. Des médias japonais prédisaient avant le vote que Shigeru Ishiba pourrait quitter son poste immédiatement en cas de défaite électorale afin d’en assumer la responsabilité, et deviendrait alors le Premier ministre resté le moins longtemps aux affaires dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le record est actuellement détenu par Naruhiko Higashikuni, avec 54 jours en poste en 1945.

Opposition divisée

Si les formations de l’opposition peuvent se targuer d’un net progrès, elles sont encore loin de trouver un terrain d’entente pour espérer former une coalition. Le Parti démocratique constitutionnel (PDC), la principale force d’opposition parlementaire, semble être le plus porté par ce vote de rejet du pouvoir actuel, avec près de 191 sièges obtenus d’après une première projection de la NHK. Son dirigeant, l’ancien Premier ministre Yoshihiko Noda, critiquait samedi «la politique du PLD consistant à mettre en œuvre rapidement des mesures pour ceux qui leur donnent beaucoup d’argent».

«Une majorité de Japonais font confiance à Yoshihiko Noda», dont le positionnement «n’est pas si différent de celui du PLD», analyse auprès de l’AFP Masato Kamikubo, professeur de sciences politiques à l’université Ritsumeikan. «C’est fondamentalement un conservateur, à la politique très pragmatique.» Mais une victoire du PDC reste selon lui «difficile car l’opposition est très divisée».

Selon son ampleur, le revers électoral du Parti libéral-démocrate pourrait notamment affoler les marchés financiers, peu habitués à ce cas de figure, prévoient des analystes. Un total de 1 344 candidats étaient en lice dans le pays dimanche, parmi lesquels une faible proportion de femmes – 23,4 % –, ce qui marque néanmoins un record dans un pays marqué par de fortes inégalités de genre.

Mis à jour dimanche 27 octobre à 15 h 30, avec la déclaration du Premier ministre japonais.

Libération

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