En Uruguay, la gauche vire en tête de la présidentielle

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A l’issue d’une campagne terne, le candidat du Frente Amplio Yamandú Orsi affrontera Alvaro Delgado, de centre droit, au second tour de l’élection. Dans un des rares pays à autoriser la vente de cannabis, la violence liée au trafic des autres drogues est la principale préoccupation des citoyens.

Le 24 novembre, les Uruguayens choisiront leur prochain président entre Yamandú Orsi, 57 ans, soutenu par le très populaire ex-président de gauche José Mujica, et le centriste Alvaro Delgado, 55 ans, du Parti national au pouvoir.

A l’issue du premier tour disputé dimanche 27 octobre, le postulant du Frente Amplio (Front élargi, l’union de la gauche) est arrivé en tête avec près de 44 % des suffrages, d’après les résultats quasi définitifs. Le candidat du Parti national, Alvaro Delgado, est loin derrière avec 27 %, mais il pourra compter sur les 17 % des voix obtenues par le conservateur Andrés Ojeda, du parti Colorado (rouge).

Le petit pays de 3,4 millions d’habitants n’a pas versé dans les extrêmes, comme ses puissants voisins, le Brésil (avec Jair Bolsonaro en 2018) et l’Argentine (Javier Milei en 2023). Le candidat «colorado», un culturiste fort en gueule qui revendique comme modèle le président ultralibéral argentin, a manqué son pari de se hisser au second tour.

Peu de différences entre les programmes

Le président en exercice Luis Lacalle Pou, à qui la Constitution interdit de briguer un deuxième mandat consécutif, a promis une transition «ordonnée». Alvaro Delgado, son dauphin désigné, a été pendant quatre ans le secrétaire de la présidence. De son côté, José Mujica, 89 ans, qui souffre d’un cancer de l’œsophage, a affirmé en déposant son bulletin : «C’est peut-être ma dernière fois.»

Au pouvoir entre 2005 et 2015, la gauche est légèrement favorite pour le prochain quinquennat. Mais le Frente Amplio, qui a porté au pouvoir Tabaré Vazquez puis l’ancien guérillero Pepe Mujica, une référence pour la gauche latino-américaine et même au-delà, ne fait plus rêver aujourd’hui. La campagne a été terne et pauvre en idées, et peu de différences séparent les programmes des deux finalistes, définis comme centristes par les analystes.

Même la vente contrôlée du cannabis récréatif, que l’Uruguay est un des très rares pays du monde à pratiquer, fait l’objet d’un consensus entre les forces politiques. Adopté en 2013, sous la présidence de Mujica, et effectif depuis 2017, le commerce de la marijuana a doublé entre 2022 et 2023, grâce à l’introduction de la variété «gamma», contenant 15 % de tétrahydrocannabinol (THC), contre 9 % pour le produit standard. La vente est autorisée dans une quarantaine de pharmacies, mais aussi auprès de «clubs cannabiques» d’usagers. Les sachets de 5 grammes d’herbe coûtent entre 10 et 12 euros, selon la teneur en THC.

Election des parlementaires

La hausse de l’insécurité, liée au trafic des autres drogues, reste la première préoccupation de la population. Même si l’Uruguay est toujours l’un des pays les moins violents du sous-continent, le taux d’homicide a doublé entre 2005 et 2023, pour atteindre 11,2 cas pour 100 000 habitants. La proposition d’autoriser les perquisitions la nuit, soumise à un référendum dimanche, n’a cependant pas été validée par les électeurs. Une autre réforme, proposée par une partie de la gauche, qui visait à abaisser l’âge de la retraite à 60 ans au lieu de 65, a elle aussi été rejetée.

Les onze candidats en lice à la présidentielle étaient tous des hommes, les femmes étant reléguées aux postes de vice-présidentes des deux adversaires du second tour. Les 2,7 millions d’Uruguayens appelés aux urnes élisaient en outre, dans un vote obligatoire, sous peine d’amende, leurs parlementaires : 30 sénateurs et 99 députés. Les résultats n’étaient pas encore publiés ce lundi matin.

Avant le 24 novembre, les deux candidats devront s’affronter lors d’un débat public, qu’une loi les oblige à accepter. Le vainqueur prêtera serment en janvier, une date qui coïncide avec les quarante ans du retour de la démocratie.

Libération

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