Casinos en ligne : le gouvernement retire l’amendement qui les autorisait pour les taxer

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Cet ajout au projet de budget 2025, qui avait provoqué une levée de boucliers des groupes de casinos, est mis en suspens par la coalition présidentielle, dans l’attente d’une concertation avec le secteur.

Le gouvernement fait machine arrière. Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a annoncé dimanche 27 octobre sur Radio J que l’exécutif avait retiré l’amendement au projet de budget 2025 prévoyant d’ouvrir la voie à l’autorisation des casinos en ligne, qui avait fait bondir le secteur des casinos physiques ces derniers jours, ainsi que les maires des communes qui les abritent. «Il était question que le gouvernement dépose un amendement. Ce n’est plus le cas. Je crois qu’il nous faut d’abord travailler entre nous», a déclaré le ministre.

L’amendement déposé le 19 octobre par le gouvernement prévoyait d’autoriser par ordonnance les casinos en ligne en France, avec des jeux comme le blackjack, la roulette ou encore les machines à sous sur internet, assorti d’une tax équivalente à celle sur les casinos physiques. Un pactole estimé à plusieurs centaines de millions d’euros pour l’Etat. L’Hexagone reste le seul pays de l’Union européenne, avec Chypre, où ce jeux sont interdits, même si les jeux de loterie, les paris sportifs et le poker en ligne sont autorisés. «Je suis très vigilant sur ce sujet-là. Il ne faut pas faire d’erreurs. Il ne faut pas que cela pénalise un certain nombre d’acteurs, notamment les casinos physiques», a ajouté le ministre avant d’annoncer une «concertation». «Il faut se mettre autour de la table avec les ministres concernés», a-t-il poursuivi.

Les casinotiers se félicitent

La possibilité d’une légalisation des casinos en ligne, réclamée par les opérateurs de jeux en ligne de longue date, avait fait fortement réagir les casinos physiques, qui avaient alerté sur les «conséquences catastrophiques» sur l’emploi et leur activité. Grégory Rabuel, président du syndicat Casinos de France et directeur général du Groupe Barrière, s’était dit «abasourdi» par cette annonce. Il affirmait à Libération que c’était «un choix irréfléchi, sans aucune concertation, brutale et précipitée». Cela représenterait selon lui une perte annuelle de 450 millions d’euros pour l’Etat et les collectivités qui abritent des casinos, à cause de la baisse du chiffre d’affaires de ces établissements.

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C’était également prendre le risque de «détruire une filière» avec la fermeture de 30 % des casinos français et la suppression de 15 000 emplois dans les douze mois, d’après ses estimations. Le syndicat Casinos de France salue dans un communiqué «l‘ouverture d’une concertation et le retrait de l’amendement». «Nous sommes soulagés que le gouvernement ait entendu nos préoccupations. Cette décision préserve l’équilibre de la filière, protège des dizaines de milliers d’emplois, sauvegarde les protections mises en place pour la santé mentale des joueurs et maintient le soutien essentiel que nous apportons aux collectivités locales», se réjouit le syndicat qui regroupe une centaine de casinos et de clubs de jeux.

«On ne peut pas dire que c’est mieux de rien faire»

Plus d’une centaine de maires avaient également signé une tribune pour demander au gouvernement de retirer l’amendement. La Fédération Addiction avait aussi tiré la sonnette d’alarme, les casinos en ligne étant considérés comme l’un des jeux les plus addictifs. Interrogé sur un report à l’année prochaine de cette mesure, Laurent Saint-Martin a répondu : «on verra». «Si c’est légalisé, encadré, c’est pour mettre de la fiscalité dessus, pour contrôler et pour essayer […] de veiller à des phénomènes addictifs. Mais attention, il y a une industrie derrière, il y a des emplois, il y a des villes qui vivent de ça», a détaillé le ministre.

Du côté de l’Association française des jeux en ligne (AFJEL), qui est favorable à l’ouverture des casinos sur internet, on «prend acte» de cette décision et on espère que le gouvernement ne va pas «reporter une fois encore le débat de la régulation des jeux de casino en ligne à un horizon lointain», en prônant une solution collective «qui permettrait à l’ensemble des protagonistes (casinos terrestres, opérateurs agréés, élus…) de bâtir un modèle gagnant pour tous», assurent-ils dans un communiqué.

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Interrogé par Libération, le président de l’AFJEL et fondateur de Betclic, Nicolas Béraud, avait défendu l’ouverture des casinos en ligne. Le meilleur moyen, selon lui, de lutter contre «l’explosion des casinos illégaux basés dans des paradis fiscaux». Un «problème qui s’amplifie» alors que «4 millions de joueurs jouent sur ces sites, quand il y en a un peu plus de 3,5 millions sur des sites agréés en France». C’est aussi pour lui la bonne méthode pour lutter contre les additions aux jeux d’argent. «On ne peut pas dire que c’est mieux de rien faire, de laisser ces millions de Français jouer sur des sites illégaux sans aucune protection, plutôt que de les ramener dans un cadre où on va être capable déjà de suivre ce qui se passe et de les encadrer», avait-il estimé.

Libération

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