«Mon Ranch» : à Lille, rendez-vous en terres incongrues

Fraîchement réédité, le truculent récit de voyage de Matthieu Morin sur treize sites américains de l’art brut fait l’objet d’une exposition à l’espace le Carré, à Lille. Une carte blanche foisonnante et drôle, à l’image de son auteur.

Une drôle de mélopée s’élève de l’arrière d’une cloison au centre de l’espace Le Carré, à Lille. Des guitares plaintives suggèrent la chaleur accablante d’un village paumé du Far West dont l’artère centrale s’apprête probablement à accueillir un duel entre John Wayne et quelque affreux jojo mal rasé. Sur ce fond sonore, une voix soliloque, peu intelligible. Ce n’est qu’en s’approchant que certains mots commencent à se détacher : bastos, carrosse, vengeance, ruse… ainsi que tout un tas de chuintements énigmatiques. Le connaisseur reconnaîtra la scansion de Kostia Botkine, moitié du pétaradant duo de rappeurs belges trisomiques Les Choolers, dont est diffusé ici en intégralité un concept-album western au titre parfait : Il était dans l’Ouest une fois. L’air habille une pièce à la tapisserie désuète aménagée à la façon d’un motel miteux, avec son lit en contreplaqué et son cafard géant en vadrouille sur le chevet. Au mur, un diaporama de photos prises par Matthieu Morin durant un gigantesque road trip qui constitue le point de départ de cette petite mais foisonnante expo logée à l’espace Le Carré, à Lille, jusqu’au 8 décembre.

Prétexte de cette expo titrée «Mon Ranch» : la toute récente réédition du livre que Morin tirait en 2019 d’un long voyage à travers les Etats-Unis effectué huit ans plus tôt sur les traces de lieux monumentaux d’art brut. Le diaporama de la petite cham