«Il n’y a plus d’endroit sûr» au Soudan, miné par les violences sexuelles et les persécutions, alerte une enquête de l’ONU

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Guerre civile au Soudandossier

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Les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme sur les nombreuses exactions subies par les civils soudanais depuis le début de la guerre il y a 18 mois, et appellent à «mettre un terme à l’impunité», dans un rapport publié ce mardi 29 octobre.

Au Soudan, entre la famine et les maladies : la torture, les agressions sexuelles et les persécutions. Dans un rapport d’enquête publié mardi 29 octobre, l’ONU s’insurge des viols, y compris collectifs, qui sont «généralisés» dans ce pays plongé dans la guerre civile depuis un an et demi. Les Nations Unies mettent notamment en cause les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Mohamed Chande Othman, le président de la mission d’établissement des faits sur le Soudan, a condamné «l’ampleur des violences sexuelles (que nous avons) constatées au Soudan est stupéfiante».

Les femmes et les filles sont enlevées à des fins d’esclavage sexuel et les enfants ne sont pas non plus épargnés par ces violences. De ce fait, «il n’y a plus d’endroit sûr au Soudan», a souligné Mohamed Chande Othman. La mission d’enquête a également reçu des «informations crédibles» concernant des viols d’hommes et de garçons. «Sans obligation de rendre des comptes, le cycle de haine et de violence se poursuivra. Nous devons mettre un terme à l’impunité», a martelé Joy Ngozi Ezeilo, membre de la mission.

Cette enquête onusienne a été créée à la fin de l’année dernière par le Conseil des droits de l’homme, afin de documenter les violations des droits humains commises dans le pays depuis le début du conflit en avril 2023. Une guerre qui oppose le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires de la FSR dirigés par son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Les enquêteurs onusiens accusent les soldats de la FSR d’avoir «commis des violations massives des droits humains et du droit international humanitaire, dont beaucoup peuvent être assimilées à des crimes de guerre et /ou à des crimes contre l’humanité», y compris la torture, le viol, l’esclavage sexuel et la persécution fondés sur l’appartenance ethnique et le genre. Ces paramilitaires sont en particulier «responsables de violences sexuelles à grande échelle dans les zones qu’ils contrôlent».

«La grande majorité des cas de viols et autres formes de violence sexuelle documentées» dans le rapport sont attribuées aux FSR et, pour la région du Darfour, à leurs alliés, la milice des Janjawid. Mais le rapport fait aussi état de «quelques cas» impliquant l’armée, y compris les services de renseignement militaire. Il relève que les civils déplacés à l’intérieur du pays ont tendance à fuir vers les zones contrôlées par l’armée, «d’où il leur est plus difficile de dénoncer» les violations commises par les militaires.

Lundi 28 octobre, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré devant le Conseil de sécurité que «la souffrance grandit de jour en jour, avec 25 millions de personnes ayant désormais besoin d’aide». Le peuple soudanais subit chaque jour des souffrances plus grandes, vivant un «cauchemar» de faim, de maladies et de «violences ethniques massives» notamment au Darfour, dénonce le rapport. La guerre a fait plus de 11 millions de déplacés, dont près de 3 millions ont fui dans les pays voisins (y compris des ressortissants de ces pays), selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés. Les belligérants soudanais ont été accusés à plusieurs reprises de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l’aide humanitaire dans ce conflit.

Coopérer avec la CPI et élargir l’embargo sur les armes

En septembre, la mission d’établissement des faits de l’ONU avait réclamé le «déploiement sans délai» d’une force «indépendante et impartiale» afin de protéger les populations civiles. Dans un premier rapport, ils avaient conclu que les deux parties en guerre «ont commis une série effroyable de violations des droits de l’homme et du droit international, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité».

Avec leurs nouvelles conclusions, les enquêteurs demandent l’élargissement de l’embargo sur les armes visant le Darfour, à l’ensemble du pays. Ils demandent aussi aux autorités de coopérer avec la Cour pénale internationale et de lui remettre l’ex-dictateur Omar el-Béchir. Ils réclament également la mise en place d’un mécanisme judiciaire international consacré à l’ensemble du territoire soudanais.

Libération

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