Son unique patron, c’est le dollar, comme il le répète à ses collaborateurs entre deux volutes de Marlboro Light. Les sanctions sur le pétrole russe votées par les États-Unis et le G7 ne l’arrêtent pas. Depuis sa salle de négoce à Dubaï, le trader azerbaïdjanais Etibar Eyyub fait tourner la machine à cash avec une créativité sans limites : sociétés offshore, cargos fantômes sans transpondeurs, transbordements effectués discrètement au large des côtes…
Inconnus du grand public, Eyyub et son associé Tahir Garayev sont dans le viseur des autorités américaines. Selon le Wall Street Journal, le Department of Justice les soupçonne d’avoir créé un réseau de sociétés-écrans travaillant avec Coral Energy, une entreprise de négoce en matières premières basée à Genève et Dubaï.
Coral Energy, qui était un partenaire privilégié de la Russie et de Rosneft avant la guerre en Ukraine, affirme avoir mis fin à ses contrats russes début 2022. La société déclare accorder la priorité au respect des sanctions et travailler avec des conseils juridiques pour garantir sa conformité.
Un système de “blanchiment”
Des documents internes obtenus par Le Monde montrent qu’Eyyub et Garayev ont permis à la Russie d’écouler une partie de son pétrole vers le monde, parfois en violation des sanctions. Ces documents pointent directement vers l’Europe. Ils révèlent que l’activité de négoce de Coral Energy a été financée par des banques européennes, dont la Société Générale, et par des achats de majors pétrolières, dont TotalEnergies.
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