Je suis Simon, par Tania de Montaigne

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Chronique

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Chronique «Ecritures»dossier

Le 17 octobre, on apprenait la mort de Simon Fieschi, le webmaster de «Charlie Hebdo», grièvement blessé lors de l’attentat du 7 janvier 2015. Mais cette nouvelle ne passe pas. Normalement, Simon ne doit pas mourir, parce qu’il est l’incarnation exacte du principe de résistance.

Simon est mort. Voilà. La nouvelle est tombée, implacable. Et pourtant, quelque chose ne colle pas. Ça n’est pas logique. Normalement, Simon ne doit pas mourir, il doit renaître pour que sa droiture bancale, son air solidement de travers nous force à nous tenir droits. Normalement, Simon c’est le verbe «être» conjugué au présent. Ce sont des yeux profonds, rieurs, mélancoliques, des yeux d’ici et d’ailleurs, des yeux de sale gosse et de vieille âme.

Normalement, Simon ne meurt pas, parce qu’il est l’incarnation exacte du principe de résistance. Il est un roseau entre deux infinis, il avait plié mais n’avait pas rompu. Normalement, Simon arrive à la bourre et vient s’asseoir autour de la table de Charlie Hebdo. Et la table de Charlie est faite du même bois que les bras de Simon. Elle est faite pour accueillir, c’est tout ce qu’il y a de plus table sauf qu’elle semble s’agrandir à mesure que chacun y prend place.

Simplement un journal

Ici, il y a ce qu’on se représente d’un journal, des ordinateurs, des gens qui dessinent, une machine à café, des mugs pas nettoyés avec un mot scotché qui dit «prière de nettoyer les mugs, ils ne vont pas le faire tout seuls». C’est un journal quoi. Simplement un journal, avec des bureaux, des téléphones qui sonnent, des gens qui se demandent si on déjeune ou pas, d’autres qui disent «d’accord mais alor

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