Plus de 800 personnes sans domicile fixe sont mortes dans la rue en France l’année dernière

Plus de 800 personnes sans domicile fixe sont mortes dans la rue en France l’année dernière

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D’après le Collectif les morts de la rue, au moins 826 personnes sans chez-soi ou ayant connu cette situation dans leur vie sont décédées l’année dernière en France. L’association n’en avait jamais recensé autant.

Robert, 63 ans ; Nathalie, 52 ans ; Nazira, 16 ans ; Jacqueline, 90 ans : tous étaient sans domicile fixe. Ils sont décédés en 2023, des suites d’une maladie, d’un accident, d’un suicide… Dans son rapport «Dénombrer & décrire» publié mercredi, le Collectif les morts de la rue (CMDR) recense au moins 826 décès en 2023 en France de personnes sans «chez-soi» ou ayant connu cette condition dans leur vie. Ce sont très majoritairement des hommes, en moyenne âgés de 48,8 ans. Parmi les personnes décédées, la plupart (735) n’avaient pas de logement personnel au moment où elles sont décédées. Une année record qui dépasse celui de l’année précédente : ils étaient 638 en 2022.

Le CMDR regroupe des acteurs de terrain en lien permanent avec les personnes en situation de précarité et de sans-abrisme. Depuis 2002, l’association tente de recenser les décès des personnes sans chez-soi et de raconter leurs parcours de vie pour «rendre visibles les morts invisibles». Ce minutieux travail ne prétend toutefois pas à l’exhaustivité. Un certain nombre de décès échappe à la surveillance du collectif, malgré l’amélioration de leur système de recensement. Le nombre de décès serait en réalité beaucoup plus conséquent que celui présenté par le CMDR.

«Rendre hommage aux victimes de la rue»

Cette année, le rapport se concentre sur deux thématiques : les décès par suicide et la mortalité des personnes vieillissantes. Adèle Lenormand, coordinatrice de l’enquête, témoigne : «C’est un travailleur du Samu social qui nous a alertés sur le nombre grandissant de personnes âgées qui se retrouvaient à la rue. On a ensuite constaté que les personnes sans-abri vieillissaient plus vite et mouraient plus jeunes.» La tranche d’âge des 46 à 65 ans représente 46 % des décès des personnes sans chez-soi, contre seulement 11 % de la population générale, d’après le rapport, tandis que les personnes de plus de 65 ans ne représentent «que» 14 % des morts recensées par le CMDR, contre 86 % de la population générale.

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La problématique de la mortalité des personnes à la rue ne peut pas être seulement réduite à des chiffres. C’est pourquoi le CMDR est soucieux de «rendre hommage aux victimes de la rue», explique Adèle Lenormand, et qu’il mène des enquêtes sur chaque personne décédée pour reconstituer leurs vies. Dans le rapport, on découvre par exemple le parcours de Léa. Placée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de ses 6 mois à ses 21 ans, elle est prise en charge par le Samu social après plusieurs périodes de rue. Son handicap ne lui permet pas d’être logée en centre d’hébergement d’urgence. Elle est finalement placée sous curatelle, mais en rupture familiale complète, la jeune femme reste particulièrement fragile, et à 22 ans, elle met fin à ses jours. Le rapport pointe d’ailleurs la surreprésentation des jeunes parmi les suicidés sans domicile fixe. Près d’un quart des décès chez les 15-25 ans est un suicide.

Face à ces sinistres chiffres, le collectif rappelle que «le droit au logement est un droit fondamental, reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme, [par] le préambule de la Constitution et par la loi». Il dénonce «les sanctions [imposées] aux personnes les plus démunies» par l’Etat, citant notamment les mobiliers urbains «anti-SDF», l’augmentation des expulsions ou «le vote d’une loi immigration régressive et répressive». Au début de l’année 2024, la Fondation Abbé Pierre avait déjà alerté sur l’augmentation inquiétante des personnes sans domicile fixe. Leur nombre a d’ailleurs plus que doublé depuis 2012. Aujourd’hui, le CMDR rappelle à son tour que «vivre à la rue tue».

Libération

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