Aurélien Troisoeufs, anthropologue de la santé : « En psychiatrie, l'accompagnement par un pair replace l'humain au cœur de l'intervention »

Aurélien Troisoeufs, anthropologue de la santé : « En psychiatrie, l’accompagnement par un pair replace l’humain au cœur de l’intervention »

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Aurélien Troisoeufs, anthropologue de la santé mentale

L’anthropologue de la santé, Aurélien Troisoeufs, au centre hospitalier Sainte‐Anne, à Paris, le 4 septembre 2024.

Aurélien Troisoeufs est anthropologue de la santé et dirige le laboratoire de recherche en santé mentale – sciences humaines et sociales du groupement hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie et neurosciences. Son équipe de neuf personnes travaille notamment sur les figures de la pair-aidance, le recours à des personnes ayant l’expérience de la maladie mentale et formées, et sur les enjeux de voisinage des personnes souffrant de troubles psychiques.

Vous avez toujours exercé votre métier d’anthropologue dans le domaine de la santé mentale. Comment êtes-vous venu à la psychiatrie ?

À 17 ans, j’ai travaillé comme agent des services hospitaliers (ASH) en psychiatrie. J’ai découvert un milieu où je me suis toujours senti très à l’aise. Je faisais le ménage et après, j’étais directement avec les patients. Ils me faisaient réviser mes cours. J’ai rencontré une telle diversité de personnes, une telle richesse ! Toutes les émotions sont démultipliées. Vous avez de la créativité, des gens en souffrance, mais certains sont pleins de joie, parfois peut-être trop. J’y ai vécu des choses incroyables. Ces premières expériences me portent encore aujourd’hui.

Vous avez ensuite continué à faire le ménage à l’hôpital, pour vos observations d’anthropologie…

Oui. C’est ce que l’on appelle en sociologie le « sale boulot ». Mais c’est l’entrée pour l’invisibilité de tout ce qu’on fait en tant qu’anthropologue. Quand je fais le ménage, je ne fais peur à personne. Pas aux soignants, parce que je ne suis pas censé avoir un jugement sur leur travail, et pas aux patients. J’ai affecté mon approche de l’anthropologie, qui s’est centrée sur les relations, sur ce que les gens se disent et font. A chaque fois, j’entre par le patient, mais c’est pour aller interroger aussi les relations avec les professionnels de santé.

Le Monde

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