L’épave de l’«Endurance», naufragée en 1915 au large de l’Antarctique, dévoilée sur grand écran

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Beaux restes

Grâce à des images 3D détaillées et inédites, le navire «Endurance» a été révélé lundi 14 octobre à Londres, dans un documentaire qui allie récit de l’expédition au pôle Sud et reconstitutions à l’aide d’intelligence artificielle.

Plongez dans plus de 100 ans d’histoire. Plus d’un siècle après son naufrage au large de l’Antarctique et deux ans après la découverte de son épave, l’Endurance, le navire de l’explorateur anglo-irlandais Ernest Shackleton, fait l’objet d’un documentaire produit par National Geographic, qui révèle son état de conservation «époustouflant» à 3 000 mètres de profondeur.

Dans Endurance, l’équipe d’explorateurs à l’origine de la découverte du navire a utilisé des milliers d’images en 3D de l’épave gisant dans la mer de Weddell depuis 1915, prises par un appareil capable de filmer en ultra-haute définition. Du pistolet d’alarme aux tenues de soirées portées par l’équipage jusqu’à une botte remarquablement préservée ; ces images inédites dévoilent les moindres détails du navire.

Le documentaire est sorti lundi au Royaume-Uni après sa diffusion en avant-première au London Film Festival qui se tient actuellement dans la capitale britannique. «Nous avons été totalement époustouflés», raconte à l’AFP Mensun Bound, l’un des responsables de l’expédition qui a retrouvé l’épave en 2022. «Nous ne nous attendions pas à voir la barre du navire – la partie la plus emblématique du bateau – simplement là, encore debout».

«Personne n’a jamais trouvé un navire en bois à 3 000 mètres de fond dans l’un des endroits les plus reculés du monde et sous la glace», insiste Dan Snow, l’un des producteurs exécutifs du film. Cette découverte est «importante», souligne-t-il, car elle témoigne d’«une histoire de direction d’hommes et de survie comme aucune autre».

«L’ultime défi polaire»

Fin 1914, l’Endurance avait quitté l’île britannique de Géorgie du Sud, dans l’Atlantique Sud, pour emmener l’expédition Imperial Trans-Antarctic dirigée par Shackleton. Ce dernier avait l’ambition de devenir le premier homme à traverser l’Antarctique de bout en bout, de la mer de Weddell à la mer de Ross. L’aventure se solde par un échec mais l’épopée de Shackleton dans l’enfer blanc entre dans l’Histoire. Au bout de quelques mois, le trois-mâts goélette de 44 mètres se retrouve pris dans les glaces de la mer de Weddell, et finit par couler. L’équipage survit en campant durant des mois sur la banquise avant qu’elle ne se rompe, puis trouve refuge sur l’inhospitalière île de l’Eléphant, face à la péninsule Antarctique. Shackleton se lance alors dans un périple audacieux, partant dans un canot de l’Endurance avec quelques compagnons chercher des secours jusqu’en Géorgie du Sud, avant de revenir sauver tout son équipage.

«Je crois vraiment que de toutes les grandes histoires de survie dont j’ai entendu parler, celle-ci l’emporte parce qu’elle a impliqué tellement de gens», explique Jimmy Chin, qui a réalisé et produit le documentaire avec son épouse Elizabeth Chai Vasarhelyi, oscarisés en 2019 pour Free Solo.

Endurance mêle d’une part le récit de l’expédition originelle de Shackleton, fait par les marins eux-mêmes grâce à la reconstitution de leurs voix par l’intelligence artificielle à partir d’enregistrements d’époque, et d’autre part, celui des explorateurs actuels tentant de retrouver l’épave alors que l’hiver menace de rendre leurs recherches sous-marines impraticables.

Le documentaire met ainsi en évidence «la brutalité» des conditions glaciales qu’ont dû affronter les marins au début du XXe siècle, comme il y a deux ans, souligne Mensun Bound. John Shears, le chef de l’expédition organisée par le Falklands Maritime Heritage Trust, a lui aussi ressenti le «parallèle» entre son expérience de «l’ultime défi polaire» et celle vécue par Shackleton. Il avait déjà tenté sans succès trois ans plus tôt de retrouver l’Endurance. «C’est vraiment l’héritage de Shackleton : l’échec façonne le succès», abonde Nico Vincent, responsable de l’équipe sous-marine sur le tournage. «Les deux histoires se répondent, même si elles sont éloignées de 110 ans», insiste Elizabeth Chai Vasarhelyi.

Le spectateur doit attendre la toute fin du film pour voir les images de l’épave. Un parti pris frustrant mais assumé par la réalisatrice : «Cela a été une belle histoire avec une belle récompense, mais elle doit se mériter, n’est-ce pas ?»

Libération

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