«On va continuer à sourire et à mener notre quotidien. On vous dit mer… !» – Libération

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Le Grand Bivouac, festival du film-documentaire et du livre d’Albertvilledossier

Dans son «Journal d’une Ukrainienne», Maryna Kumeda nous livre un portrait personnel et sensible d’un pays bouleversé par les crises et la guerre.

«J’avais l’impression en partant que je ne reverrai plus jamais la même Ukraine.» Dans Journal d’une Ukrainienne, l’écrivaine Maryna Kumeda, originaire de Soumy, une ville proche de la frontière russe, nous livre un témoignage intime et déchirant, relatant la transition de son pays de la fin de l’Union soviétique jusqu’à l’invasion russe en 2022. L’autrice, rencontrée au cours de la 23e édition du Grand Bivouac d’Albertville, y délivre à travers ce texte autobiographique une fresque sociopolitique du «pays des tournesols», entre crises et résilience.

Bien que l’on attende souvent qu’un pays soit en guerre pour se pencher sur son histoire, Maryna Kumeda, elle, s’attache depuis des années à «fixer les mots, afin de garder une trace de ce qui est en train de disparaître». Le récit s’ouvre ainsi dans une Ukraine encore marquée par l’influence soviétique. Maryna Kumeda y évoque la Perestroïka, la catastrophe de Tchernobyl et les premières années de l’indépendance avec les yeux de l’enfant qu’elle était, donnant au début du livre un ton candide et personnel. Les transformations brutales et les incertitudes causées par l’effondrement de l’URSS rendent palpables l’instabilité de cette période. Puis les bouleversements politiques, économiques et sociaux poussent la société à se bâtir une nouvelle identité, bien que pour les plus anciens, dont les grands-parents de Maryna, «on ne se reconstruit jamais totalement»!

En grandissant, l’écrivaine devient actrice et témoin des révolutions et de la quête d’un peuple pour une société libre et indépendante. Elle décrit les espoirs et les désillusions de la Révolution orange en 2004, puis du mouvement Maïdan et de sa répression en 2014, qui représente pour elle : «le premier grand traumatisme ukrainien». A travers ces événements, elle exprime la complexité de la transformation de son pays, cherchant à s’émanciper de l’influence russe, avec au final cette question existentielle : « Qu’est-ce qu’être Ukrainien ? »

Vient l’invasion du 24 février 2022, le ton devient dès lors plus sombre et Maryna Kumeda dévoile les horreurs de la guerre, dénonçant la brutalité de l’ennemi à laquelle elle oppose la résilience ukrainienne ; exprimant ses sentiments lors de notre rencontre avec force et sincérité : «Vous voulez nous effacer et nous rendre tristes ! Eh bien, on va continuer à sourire et à mener notre quotidien. On vous dit mer… !». Un hommage à ceux qui apprennent à vivre dans l’incertitude, quand «faire maintenant» devient un impératif, et où «le carpe diem [est] incarné, car demain peut réellement ne pas avoir lieu».

De retour à Lyon (où elle vit et travaille désormais) une semaine avant l’invasion russe, en pleine campagne présidentielle, Maryna Kumeda fut marquée par le décalage entre cette société française «en perte de repères et désunie» et ce peuple ukrainien «uni et faisant front». Car, au-delà du récit personnel, le Journal d’une Ukrainienne est bien une réflexion sur l’identité, l’union, l’exil et la survie culturelle. Exposant les cicatrices profondes laissées par le conflit, tout en conservant une lueur d’espoir, ce livre est un cri de résistance et d’amour pour un pays défiguré par la guerre, mais dont les tournesols, symboles de paix et de résilience, continuent de fleurir dans le cœur des Ukrainiens.

Journal d’une Ukrainienne, de Maryna Kumeda, édition LAube162 pp., 18 euros.

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