Substances toxiques : certains ustensiles de cuisine en plastique noir peuvent être contaminés

Substances toxiques : certains ustensiles de cuisine en plastique noir peuvent être contaminés

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Une étude menée aux Etats-Unis a montré que des spatules ou des éplucheurs en plastique recyclé contenaient involontairement des retardateurs de flamme. En cause, un processus de recyclage défaillant.

Ils sont nos alliés dans la préparation des repas mais peuvent renfermer des substances indésirables. Selon une étude parue en octobre dans la revue Chemosphere, une partie des ustensiles de cuisine en plastique noir sont potentiellement contaminés par des retardateurs de flamme, utilisés pour rendre les tissus, canapés, véhicules ou encore appareils électroniques moins inflammables. Les auteurs ont analysé 203 articles, dont une centaine d’ustensiles de cuisine, ainsi que des accessoires pour cheveux et des jouets, vendus en ligne ou à Seattle (Etats-Unis) et autour, entre 2020 et 2022. Environ un ustensile sur dix contenait un ou plusieurs retardateurs de flamme bromés, notamment un économe et des spatules en tous genres. Ces composés ne sont pas censés se retrouver directement en contact avec notre alimentation. Mais depuis 2013, plusieurs études ont fait état de contaminations d’ustensiles. Une présence «préoccupante», jugent les auteurs de la nouvelle étude, qui rappellent que «les problèmes de santé liés aux retardateurs de flamme comprennent la cancérogénicité, la perturbation endocrinienne, la neurotoxicité et la toxicité pour la reproduction et le développement».

Comment expliquer que ces substances ignifugées se soient retrouvées dans des ustensiles de cuisine ? Parce qu’ils sont fabriqués avec du plastique recyclé provenant d’appareils électroniques qui, eux, avaient été conçus pour résister aux flammes. C’est notamment le cas des téléviseurs et des ordinateurs. «La plupart des boîtiers électroniques sont en plastique noir», expliquent les auteurs de l’étude et «un recyclage mal contrôlé» de ces déchets a mené à «une contamination des articles ménagers» conçus à partir de plastique recyclé. Ils précisent que les ustensiles de cuisine «ne nécessitent pas de retardateur de flamme» et que la présence involontaire de ces substances «entraîne une exposition potentiellement élevée et inutile».

Des substances qui se retrouvent dans l’alimentation

«L’alimentation et l’eau sont une voie d’exposition importante aux retardateurs de flamme, mais on ne sait pas vraiment quelles sont les sources de contamination. Là, on n’a pas qu’une indication de présence mais aussi une quantification», explique Fabrizio Pariselli, toxicologue et ingénieur de recherche à l’unité CNRS Prévention du risque chimique, qui n’a pas participé à l’étude. En regardant les résultats substance par substance, Pierre Hennebert, consultant indépendant sur les déchets et l’économie circulaire estime que les «concentrations sont modérées, même si elles ne sont pas souhaitables». Il précise que «l’article scientifique est bien construit, les méthodes sont correctes, mais il y a seulement vingt échantillons d’ustensiles examinés dans le détail».

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Plusieurs d’entre eux renfermaient notamment du DécaBDE, un polluant organique persistant «considéré comme le retardateur de flamme dominant dans les boîtiers électroniques jusqu’à ce que l’Union européenne interdise son utilisation dans l’électronique en 2006, et que les Etats américains commencent à interdire son utilisation en 2007». Les auteurs ont calculé quelle quantité de cette substance dangereuse pouvait se retrouver dans l’alimentation via les ustensiles contaminés, sachant que l’huile chaude favorise le transfert. «Nous avons obtenu une dose quotidienne estimée de 34 700 nanogrammes par jour [un nanogramme valant un milliardième de gramme, ndlr]», écrivent-ils, en précisant que cela se «rapprocherait de la dose de référence américaine» au-delà de laquelle on considère qu’il peut y avoir des effets néfastes pour la santé.

«L’étude remet sur le tapis la nécessité d’interdire les retardateurs de flamme les plus dangereux et de bien séparer le plastique. Le recyclage est une bonne idée mais pas dans n’importe quelles conditions. Il faut des circuits complètement sécurisés et imperméables», réagit François Veillerette, porte-parole de l’association Générations Futures. Les auteurs de l’étude menée aux Etats-Unis recommandent «une plus grande transparence dans la chaîne d’approvisionnement [des ustensiles], d’éliminer les additifs ignifuges dangereux [du plastique] et d’adopter des matériaux plus sûrs ne nécessitant pas de tels additifs».

Privilégier les produits fabriqués en Europe

Les Français pourraient être un peu plus protégés que les Américains, étant donné que l’UE «limite les concentrations de certains retardateurs de flamme bromés dans les déchets plastiques entrant dans le flux de recyclage», rappellent les auteurs de l’étude. De son côté, Pierre Hennebert rappelle qu’«en Europe, on ne mélange pas le plastique alimentaire avec du plastique automobile ou d’appareils électriques» et invite les consommateurs à faire attention à ce qu’ils mettent dans la poubelle jaune de tri.

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Dans des pays asiatiques, il peut arriver que les flux se mélangent, même si la réglementation tend à se durcir. L’expert en économie circulaire recommande de ne pas acheter les ustensiles les moins chers, fabriqués à partir de plastiques bon marché dont l’origine peut être douteuse. Mieux vaut favoriser les produits fabriqués en Europe et «éviter les plastiques noirs» par précaution. Cette couleur est soit celle de la matière d’origine qui a été recyclée, soit des pigments ont été ajoutés pour masquer un mélange de plusieurs plastiques de couleurs différentes. Auprès de CNN, Megan Liu, auteure principale de l’étude et responsable scientifique pour l’association Toxic-Free Future, invite également à privilégier l’acier inoxydable.

Libération

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