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Logement social
L’ex-ministre du Logement sous François Hollande a été réélue ce mercredi à la tête de l’Union sociale pour l’habitat, en plein débat budgétaire. Elle devra tenir tête à un exécutif jusque-là sourd aux revendications du secteur.
«Le logement social est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas», a coutume de dire, de sa voix douce, Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH). Mais depuis quelques années, ce bien commun est en train de se réduire comme peau de chagrin : la production de nouveaux logements sociaux s’effondre, la liste d’attente pour en bénéficier s’allonge, et les organismes HLM n’ont plus les moyens de soutenir la production comme avant. C’est dans ce contexte de crise aiguë que se déroulait mercredi l’élection de celui ou celle qui a la lourde tâche de porter la voix des 559 bailleurs sociaux et de leurs 11 millions de locataires. Sans surprise, l’ancienne ministre du Logement de François Hollande, qui avait pris les rênes du mouvement en 2020, a été réélue pour un second mandat de quatre ans par l’assemblée générale de l’USH.
L’ex-secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts, 49 ans, était opposée à Valérie Fournier, la patronne de la puissante fédération des Entreprises sociales pour l’habitat, qui rassemble 42 % des logements HLM. Au-delà d’un enjeu technique de financement du logement social, ce sont deux visions qui s’affrontaient. L’une, celle de l’ancienne présidente d’Act Up, offensive contre un gouvernement qui a «maltraité» le secteur et veut détricoter la loi SRU (relative à la solidarité et au renouvellement urbains), selon ses termes. L’autre, celle de Valérie Fournier, passée par le Medef et le cabinet d’un ministre de Jacques Chirac, plus accommodante.
Plus pugnace qu’elle n’en a l’air
Emmanuelle Cosse s’en défend auprès de Libération : «Mon sujet n’est pas de m’opposer ou de soutenir le gouvernement, mais de représenter le mouvement HLM, et de lui permettre de retrouver des marges de manœuvre pour répondre aux besoins de logement des habitants qui n’ont jamais été aussi criants. Aujourd’hui, on doit se battre pour garder nos moyens afin de pouvoir remplir nos missions», dit-elle. La femme politique voit aussi dans sa reconduction le signe que le «mouvement HLM est uni, mobilisé, et a conscience qu’il lui faut se défendre». Non par corporatisme, mais pour «répondre aux besoins des gens» : il ne faut pas oublier que les organismes HLM sont des «structures non lucratives, qui réinvestissent tous leurs bénéfices».
Depuis quatre ans, plus pugnace qu’elle n’en a l’air, Emmanuelle Cosse est revenue sans cesse à la charge contre la réduction du loyer de solidarité (RLS), qui représente plus de 8 milliards d’euros ponctionnés par l’Etat depuis 2018 sur les recettes locatives des bailleurs sociaux. Sans parvenir à faire reculer l’exécutif, mais sa voix compte, et est entendue.
Revirement
Est venue s’ajouter la suppression de l’APL-accession qui permettait d’aider les locataires sociaux à devenir propriétaires. Et, coup de grâce, le gel des aides à la décarbonation du parc HLM, alors qu’1,2 milliard d’euros sur trois ans venait d’être promis au secteur pour lancer ce grand chantier trois fois vertueux : «il fait baisser les factures d’énergie, il crée de l’emploi local et il est bon pour le climat», rappelle Emmanuelle Cosse. Or, les bailleurs ne devraient pouvoir compter que sur 150 millions d’euros cette année. «On nous demande de décarboner le parc mais, sans aide de l’Etat, on n’y arrivera pas, sachant qu’il faut compter entre 50 000 et 80 000 euros de travaux par logement», regrette la présidente de l’USH, ajoutant que ce revirement a eu pour effet de démobiliser les bailleurs sociaux. Le fait que les collectivités locales, qui financent beaucoup le logement social, doivent se serrer la ceinture, n’arrange rien.
Emmanuelle Cosse voit cependant un motif d’espérer dans le choix de Michel Barnier de confier le portefeuille du Logement et de la Rénovation urbaine à Valérie Létard, une «élue très engagée, qui connaît parfaitement l’ensemble de ces questions et est déterminée à agir», selon elle. La nouvelle ministre, de son côté, s’est félicitée de la reconduction d’Emmanuelle Cosse, et a indiqué vouloir «poursuivre avec l’Union un dialogue constructif sur le logement social». Dans le projet de budget, un premier signal positif a été envoyé sur la relance de l’accession sociale à la propriété, indispensable pour libérer des places dans un parc HLM archi-saturé.
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