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Si rien n’est fait, le volume de déchets en plastique rejetés chaque année dans la nature par l’humanité pourrait doubler d’ici à 2050, pour atteindre environ 121 millions de tonnes, avertissent ce jeudi des scientifiques d’universités américaines et chinoises dans la revue Science. Ces derniers estiment aussi que dans les mêmes conditions, c’est-à-dire l’inaction, les émissions annuelles de gaz à effet de serre liées à ce matériau devraient grimper de 37 % sur la même période.
Nano et microplastiques partout dans les écosystèmes
Mais il y a une bonne nouvelle, insistent les auteurs : il suffirait de mettre en œuvre une combinaison de quatre mesures pour faire chuter de plus de 90 % le volume de déchets plastiques d’ici à 2050 et réduire d’un tiers les émissions de gaz à effet de serre associées. Ainsi, pour cela, il s’agirait selon eux de plafonner la production mondiale de plastique vierge à son niveau de 2020, de taxer fortement les emballages, d’imposer un minimum de 40 % de plastique recyclé dans la consommation totale et d’investir 50 milliards de dollars dans les infrastructures mondiales de traitement des déchets.
La production de plastique, fabriqué à partir de pétrole ou de gaz, n’a cessé de croître ces dernières décennies, et avec elle la production de déchets, le plus souvent non recyclés. Lorsque ce matériau se dégrade dans la nature, rappellent les auteurs, il se fragmente en micro et nano plastiques, qui se répandent partout, dans tous les écosystèmes, de l’Arctique aux profondeurs de l’océan, et les perturbent. «La pollution plastique est aussi associée à divers impacts sur la santé humaine, tels qu’une augmentation du risque de cancers, de maladies cardiovasculaires et de troubles de la reproduction», écrivent les scientifiques. Qui pointent également le «poids disproportionné» que la pollution plastique fait peser sur les pays et les communautés les plus pauvres, et l’injustice environnementale qui en découle.
Un lucratif débouché pour les hydrocarbures
Les scientifiques espèrent que leur article nourrira les discussions lors de la cinquième et dernière session de négociations onusiennes qui doit réunir quelque 175 pays du 25 novembre au 1er décembre à Busan, en Corée du Sud, dans l’espoir de parvenir à un traité international mettant fin à la pollution plastique mondiale. Négociations qui risquent d’achopper sur un point clé : les producteurs de plastique rechignent à «fermer le robinet à la source», c’est-à-dire à réduire leur production, notamment parce qu’il s’agit là d’un lucratif débouché pour les hydrocarbures, qui voient la manne des carburants se tarir à mesure que le parc mondial de véhicules s’électrifie. «Nos résultats établissent clairement qu’avec suffisamment de volonté politique, il y a assez de potentiel technique pour réduire drastiquement les déchets plastiques mal gérés», écrivent les auteurs, tout en reconnaissant qu’il subsiste quelques «incertitudes» dans leur base de données et leur modélisation. La volonté politique, on en revient toujours là.
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