Mobilisation
Les manifestants se sont réunis ce mardi 19 novembre devant Downing Street pour exprimer leur colère contre une taxe voulue par le gouvernement travailliste, selon qui «la grande majorité des exploitations agricoles» ne seraient pas affectées.
Au moment où les agriculteurs français reprennent leur mobilisation, des milliers d’agriculteurs britanniques, venus pour certains en tracteur, ont manifesté ce mardi 19 novembre dans le centre de Londres. Ils s’opposent à une taxe controversée sur la succession de certaines fermes, récemment annoncée par le gouvernement travailliste de Keir Starmer. Bravant la pluie – et même quelques flocons de neige –, les manifestants se sont réunis devant Downing Street pour exprimer leur colère contre ce projet du gouvernement, qu’ils accusent de «trahison».
Bataille de chiffres
A la mi-journée, ils étaient au nombre de 10 000, selon la police britannique. «L’impact humain de cette politique est tout simplement inacceptable», et elle «mettra à mal la sécurité alimentaire britannique», a martelé Tom Bradshaw, président du principal syndicat agricole National Farmers Union (NFU). «Nous avons proposé de rencontrer le Trésor pour leur proposer des solutions, mais [la ministre de l’Economie] Rachel Reeves a malheureusement refusé de donner suite», a-t-il regretté.
Jusqu’à présent, les exploitations agricoles britanniques pouvaient bénéficier d’une exonération des droits de succession sur leurs biens et propriétés, une mesure censée faciliter la reprise des fermes. Le gouvernement travailliste a annoncé le 30 octobre, lors de la présentation de son premier projet de budget, que cette exonération ne s’appliquerait plus aux exploitations dont la valeur dépasse 1 million de livres (1,2 million d’euros), à partir d’avril 2026. Elles seront désormais soumises à un taux d’imposition de 20 %, la moitié du taux habituel des droits de succession. Les trois quarts des agriculteurs devraient échapper à cette taxe, selon le Trésor, mais les manifestants peinent à y croire.
Le Premier ministre Keir Starmer avait assuré lundi qu’il comprenait les «inquiétudes» des agriculteurs et que «la grande majorité des exploitations agricoles» ne seraient pas affectées. Le ministre de l’Environnement Steve Reed a aussi défendu ce mardi que le gouvernement était «du côté des agriculteurs», et que cette modification ne concernait «qu’environ 500 exploitations».
Selon l’exécutif, le seuil réel à partir duquel ces droits de succession seraient payés pourrait en effet s’élever à 3 millions de livres (3,6 millions d’euros), en raison des abattements prévus dans le cas où un couple souhaite transmettre son exploitation à un enfant.
Beaucoup s’appuient sur un chiffre du ministère des Affaires rurales selon lequel 66 % des entreprises agricoles ont une valeur supérieure à un million de livres. La NFU, qui compte plus de 45 000 membres en Angleterre et au Pays de Galles, affirme que «75 % des fermes commerciales […] seront dans l’œil du cyclone». Depuis le Brexit, les agriculteurs britanniques souffrent de pénuries de main-d’œuvre et d’un déficit de financement, car ils ne bénéficient plus des fonds de la politique agricole commune européenne (PAC).
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