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Pour la créatrice du fonds 2050, Marie Ekeland, la construction d’un futur désirable passe par la nécessité de changer la manière de prendre des décisions.
L’une des idées qui frappe le plus mes interlocuteurs, c’est quand je leur explique qu’investir ne consiste pas à prédire l’avenir, mais à le façonner. Pourquoi cette idée, si simple en apparence, retient-elle autant leur attention ? C’est parce que l’objectif habituellement affiché du secteur financier est de maximiser le rendement tout en limitant les risques. Une approche qui néglige les conséquences économiques, sociales et environnementales des investissements. Mais si on considère la performance financière comme une conséquence de l’investissement dont le but premier serait désormais de résoudre les problèmes majeurs de notre société, cela renverse les priorités. Un inversement pur de logique.
Ma réponse est que nous œuvrons pour façonner un futur où chacun peut manger à sa faim et de manière saine, où nous pouvons tous habiter la Terre et produire de manière durable, où chacun peut prendre soin de sa santé (physique et mentale) au quotidien, où les modèles éducatifs et culturels permettent à tous de contribuer à ce futur fertile et où la confiance est au cœur de notre économie et de nos sociétés.
Ce renversement nécessite de changer la manière de prendre des décisions. Celles-ci ne peuvent plus être actées en regardant les performances passées des différents secteurs et en reproduisant les schémas historiques comme le font les modèles financiers actuels. Nous devons faire l’inverse : au lieu de regarder le présent et d’être informés par le passé, nous naviguons vers notre futur-cible et sommes informés par le présent sur les meilleures décisions à prendre pour y parvenir.
Pour identifier ces solutions, regardons ce que nous dit la science. Nous, par exemple, nous avons commencé par proposer un cours sur les enjeux environnementaux du XXIe siècle. Ce cours, en licence libre, est également à la base d’un cours obligatoire pour touslors de la première année à l’université Paris-Dauphine, et nous sommes en train de rédiger son successeur sur les océans, avec le Stockholm Resilience Centre et l’université de Colombie Britannique.
Notre immersion dans les enjeux environnementaux nous a révélé que la priorité, pour atteindre ces objectifs à l’aune du réchauffement climatique, n’était pas, contre toute attente, de réduire les émissions de CO2. Non, la priorité, telle que démontrée par le Stockholm Resilience Centre, est de restaurer et d’amplifier les capacités de la nature à stocker le CO2. En effet, à mon sens, c’est le chemin le plus résilient et le plus efficient car il permet à la nature de continuer à absorber notre activité humaine dans le temps et de ne pas relâcher dans l’atmosphère le CO2 qu’elle stocke depuis parfois des millénaires. De plus, certaines solutions fondées sur ses réactions naturelles, comme la minéralisation du carbone, peuvent venir en substitution de process industriels très émetteurs de gaz à effet de serre.
Notre meilleure chance de mitiger les effets du réchauffement climatique est donc de restaurer et d’amplifier, de toute urgence et massivement, la biodiversité de nos sols, de nos forêts et de l’océan. De ces trois sujets, le moins investi et le plus massif est celui de l’océan : celui-ci représente près de 70 % de la surface de la Terre, 30 % des émissions de CO2 captées annuellement, 50 % à 80 % de l’oxygène produit et fait vivre 3 milliards de personnes.
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