Près de la moitié des femmes médecins rapportent avoir subi des violences sexistes ou sexuelles par un confrère

Près de la moitié des femmes médecins rapportent avoir subi des violences sexistes ou sexuelles par un confrère

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L’Ordre des médecins a publié mercredi 20 novembre une enquête sur les violences sexuelles et sexistes commises par des médecins, aux résultats qualifiés de «très inquiétants». La majorité des violences subies sont commises pendant le parcours étudiant.

Une nouvelle étape dans le #metoohopital a été franchie. Alors que les témoignages de violences sexistes et sexuelles commises dans le milieu médical se diffusent ces dernières années, cette réalité a été objectivée pour la première fois par l’Ordre des médecins. Face aux chiffres dévoilés dans son baromètre le mercredi 20 novembre, le président de l’Ordre François Arnault s’est dit «tout à fait mal à l’aise». Il y a de quoi : dans le sondage réalisé auprès de 21 140 médecins, 54 % ont reconnu avoir eu connaissance de violences sexuelles ou sexistes commises par un autre médecin – sur un autre professionnel de santé, un patient ou toute autre personne. Ainsi, près d’un médecin sur trois dit en avoir été victime. 49 % des femmes médecins interrogées déclarent avoir subi ces violences, de la part d’un autre médecin.

L’enquête a été réalisée en ligne, du 23 septembre au 14 octobre, recueillant les réponses de quelque 19 000 médecins en activité. Plus de la moitié des femmes praticiennes déclarent avoir été victimes de ces violences – quel que soit le responsable –, contre 5% des hommes. Concernant les violences commises précisément par un médecin sur une consœur, 44 % des femmes interrogées rapportent un outrage sexiste ou sexuel, 16 % du harcèlement sexuel, 6 % une agression sexuelle, et 1 % un viol (certaines déclarent plusieurs faits).

La majorité des violences est commise au cours du «parcours étudiant». Sans grande surprise, puisque les soignants encore en études sont particulièrement vulnérables, entre précarité économique, souci de leur carrière et forte hiérarchie. Ainsi, 69 % des médecins victimes d’outrage accusent un enseignant ou maître de stage. 63 % dans les cas de harcèlement sexuel. Mais pour les faits de viols, la vision est différente : parmi les 139 médecins disant avoir été victimes de viol pendant leurs études, 47 % accusent un autre étudiant.

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Auprès de Libération, des étudiantes (médecins, mais aussi infirmières et sages-femmes) avaient raconté le machisme ambiant, les remarques sexistes et agressions sexuelles qu’elles avaient subi. Et cette culture du silence persistante. Quelques prises de paroles médiatiques, dont les accusations de Karine Lacombe en avril dernier à l’encontre de l’urgentiste Patrick Pelloux, ont pu aider à délier certaines langues. Surtout à mieux écouter les témoignages : dès 2017, le blog Paye ta blouse en avait rassemblé des dizaines, émanant d’étudiantes et de soignantes.

«Cette situation ne peut pas durer», a donc insisté mercredi François Arnault. Il a tenu à rappeler que son institution a mis en place des mesures pour faciliter l’expulsion des auteurs de ces violences. Et a demandé à ce que des mesures législatives soient prises pour poursuivre sur cette voie. Objectif : «Tolérance zéro». «Aucun acte délictueux ne doit rester sans réponse de l’Ordre à partir du moment où l’Ordre est au courant», a-t-il encore assuré.

L’Ordre a mis en place, sur son site internet, une procédure pour aider les victimes de violences sexistes ou sexuelles d’un médecin à signaler les faits. Dans les cas où les ordres départementaux ne traitent pas un signalement, le conseil national peut s’emparer du dossier et saisir lui-même la chambre disciplinaire, a précisé son président.

Peur des répercussions

L’institution demande aussi des modifications législatives. Il aimerait en particulier pouvoir consulter le casier judiciaire (volet B2) d’un praticien quand il est mis en cause, et pouvoir avoir systématiquement accès au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) en cas de demande d’inscription à l’Ordre.

Encore faut-il se sentir suffisamment en sécurité pour témoigner. Le poids du silence demeure, même s’il y a du progrès. La peur de répercussions dissuade de nombreux médecins à dénoncer les faits dont ils sont victimes ou témoins. Selon le baromètre, 15 % des praticiens ont eu connaissance d’une discrimination professionnelle à l’encontre d’un ou d’une collègue ou étudiante qui avait dénoncé des violences sexistes ou sexuelles d’un autre médecin. Il y a la peur pour sa carrière (28 % citent la non-obtention de postes ou l’obstacle à l’avancement, 23 % le changement de service ou la mutation forcée), aussi des réactions de ses propres collègues (21 % mentionnent les moqueries, humiliations, jugements et stigmatisation, 20 % la mise à l’écart.

L’Ordre prévoit de mener à nouveau une autre enquête de ce type, possiblement dans deux ans, pour suivre l’évolution de la situation. Du côté de l’exécutif, l’ex-ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux avait lancé au printemps une «concertation» et annoncé notamment une formation sur les violences sexistes et sexuelles obligatoire pour tous les professionnels de santé ainsi qu’un plan d’action. La dissolution a, pour ce dossier encore, rebalayé les cartes.

Libération

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