Drame de Crépol : une candidate de Reconquête en 2022 condamnée pour provocation à la haine raciale

Drame de Crépol : une candidate de Reconquête en 2022 condamnée pour provocation à la haine raciale

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Florence Médina, candidate du parti d’extrême droite aux législatives de 2022, a été condamnée par le tribunal de Montpellier pour incitation à la haine raciale. Après le meurtre du jeune Thomas dans la Drôme, l’usage du terme «ratonnade» dans l’une de ses publications Facebook, fin 2023, avait déclenché un tollé.

Du post Facebook à la condamnation, il n’y a parfois qu’un pas. Florence Médina, 52 ans, candidate du parti d’Eric Zemmour dans la 1ʳᵉ circonscription de l’Hérault lors des élections législatives de 2022, qui depuis a quitté le mouvement, a été condamnée ce jeudi 21 novembre pour «provocation à la haine» par le tribunal correctionnel de Montpellier à une peine de quatre mois de prison avec sursis, à trois ans d’inéligibilité, à la réalisation d’un stage de citoyenneté, à une amende de 2 000 euros en cas de non-exécution de ce stage ainsi qu’au versement de plusieurs milliers d’euros de dommages aux associations qui s’étaient constituées partie civile. L’intéressée indique auprès de Libération avoir fait appel de la décision de justice.

La peine retenue vient sanctionner un message publié le 20 novembre 2023 sur le réseau social Facebook, et depuis supprimé par sa rédactrice. Dans ce post au ton violent, l’ancienne candidate du parti d’extrême droite regrettait le temps des «ratonnades» contre les «racailles», après le meurtre du jeune Thomas Perotto, survenu à Crépol, dans la Drôme, le 19 novembre 2023. «Si c’est la guerre que les racailles veulent, ils vont l’avoir. Dans les années 80, il existait des ratonnades – au risque de choquer, on peut recommencer […]. Nous ne laisserons pas nos enfants se faire assassiner lâchement par des racailles en surnombre et armées», écrivait Florence Médina.

Quelques jours après le drame de Crépol, le chef de file de Reconquête s’était également emparé des réseaux sociaux pour instrumentaliser l’affaire et développer son concept de «francocide», qui ne recouvre aucune réalité factuelle ni juridique.

Le 17 novembre, la condamnée, décrite par son avocat comme une femme engagée en faveur des réfugiés et des demandeurs d’asile, par ailleurs présidente d’une ONG en Afrique, publiait un nouveau post Facebook dans lequel elle justifiait son utilisation du mot «ratonnade», comme «excessive mais excusable». Contactée par Libération à la suite de sa condamnation, Florence Médina déclare avoir fait usage de «propos très durs» sous «le coup de l’émotion» après la mort de Thomas à Crépol. Elle assure que son message «ne visait pas de communauté en particulier mais avait pour but d’interpeller le gouvernement compte tenu de son inaction». Et d’ajouter à la fois qu’elle «regrette», tout en s’indignant dans le même temps : «Nous ne pouvons plus exprimer nos maux par les mots.»

Pour ce qui est des mots justement, la définition de «ratonnade» ne laisse pourtant planer aucun doute quant à la connotation raciste du terme. Cette expression, rappelle le dictionnaire de l’Académie française, désigne des «représailles brutales visant des personnes d’origine maghrébine». Elle renvoie aux sanglantes répressions pendant la guerre d’Algérie, en particulier le massacre d’Algériens les 17 et 18 octobre 1961 à Paris. Aujourd’hui, le terme s’emploie plus largement pour qualifier des violences collectives à caractère discriminatoire contre diverses minorités.

Le message de Florence Médina, relayé massivement sur les réseaux sociaux via la plateforme collaborative pour les Maghrébins Tajmaât, avait déclenché une vive indignation, cumulant des milliers de vues et de partages en un temps record. Pharos, le site du gouvernement pour signaler des contenus et comportements illicites, avait reçu plusieurs centaines de signalements. Ilhem Goulli Farid, sympathisante de SOS Racisme, à l’origine de la saisine auprès du procureur de la République de Montpellier, justifie son action : «Je ne tolère pas la haine. Ce message était un appel évident au crime, c’est pour cette raison que je l’ai signalé. S’il fallait le refaire, je le referais.»

Dans la foulée, plusieurs organisations de lutte contre le racisme, telles que la Ligue des droits de l’homme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, avaient également déposé plainte. L’action judiciaire engagée par le procureur de la République avait reçu le soutien public du maire PS de la Montpellier, Michaël Delafosse, qui a salué «une décision importante».

Présente aux côtés des différentes associations lors du jugement, Ilhem Goulli Farid salue une décision claire «qui prouve qu’il existe une justice en France». Elle insiste également sur l’importance de «dénoncer et combattre toute forme de racisme dans la société» avant de conclure : «J’espère que cela permettra de faire taire certaines ardeurs sur les réseaux sociaux. Même en ligne, il est important que le respect domine.»

Cinq jours après la publication du message de Florence Médina, des groupuscules néonazis, parmi lesquels des membres originaires de Montpellier, avaient mené une expédition punitive à Romans-sur-Isère, près de Crépol, où le jeune Thomas Perotto avait tragiquement perdu la vie. La tension est à nouveau palpable dans la ville, alimentée ces jours-ci par un appel à manifester le 30 novembre émis par un collectif d’extrême droite.

Libération

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