A Nice, Christian Estrosi «inaugure le moindre caillou»

A Nice, Christian Estrosi «inaugure le moindre caillou»

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«Hypercommunication»

Sur la Côte d’Azur, le maire ne lésine pas sur la coupe de rubans ou les poses de premières pierres… avec un choix osé – et très politique – des dates choisies. Au grand dam des oppositions locales.

Il faut parler par-dessus le sifflement des disqueuses. Et ne pas se laisser déconcentrer par les grues qui pivotent. L’esprit de Christian Estrosi ne s’éparpille jamais. Le maire de Nice est rodé à ces visites de chantier. Ce jeudi 21 novembre au matin, il «invite» encore «les Niçoises et les Niçois» à suivre l’avancée des travaux. Devant un parterre d’habitués et d’habitants du quartier, l’élu fait un point d’étape du futur «plus grand hôtel de police de France». Les travaux vont bon train, l’élu est serein. Christian Estrosi a l’habitude de faire découvrir l’ensemble de son œuvre à ses administrés. En novembre, il a déambulé deux fois dans un nouveau tunnel. Avant, il a inauguré deux jardins dont les travaux n’étaient pas achevés. Un bilan qu’il se dépêche d’exposer.

«Il sature l’espace médiatique»

Ce jeudi matin, la ville de Nice a fait tomber la palissade qui cachait le chantier. On peut observer les cloisons qui montent. «En communication, il faut répéter au moins 23 fois les choses pour qu’elles soient retenues, énonce Christian Estrosi au micro. J’en suis à la 14e fois, il m’en reste 9.» Et le voilà qui réexplique que l’hôpital se transforme en commissariat. Et le revoilà qui redit que les polices nationale et municipale seront réunies dans un même bâtiment. «Tous les Niçois sont copropriétaires de leur ville. Naturellement, ce ne sont pas des chantiers qui m’appartiennent, ils leur appartiennent, expose Christian Estrosi à Libération. Quand on aménage son appartement, on suit au quotidien la commande qu’on a passée au peintre, à celui qui refait le parquet, l’électricité. Ici, c’est pareil. Je veux que chacun puisse s’approprier ce que nous réalisons.» Selon la ville, 1 200 personnes ont suivi Christian Estrosi dans «la première traversée à pied» du tunnel mi-novembre. Ils sont une petite centaine ce jeudi à observer les travaux. Des habitués qui ont été invités par mail ou par téléphone.

Ce feuilleton lasse l’opposition. «Estrosi fait des séances pour la pose de la première pierre, puis deux ou trois inaugurations intermédiaires, puis encore des inaugurations de l’aménagement intérieur, pointe Airy Chrétien du Collectif Citoyens 06. Il sature l’espace médiatique. C’est totalement lié au système d’hypercommunication.» Estrosi s’en défend : «Je ne parle qu’aux Niçois et à ceux qui attendent ces projets, oppose-t-il. C’est normal, ils ont besoin de savoir, de parler, de partager. Moi, je ne suis que dans l’action. La communication ne m’intéresse pas.» De jolies photos de la visite sont tout de suite postées sur les réseaux sociaux, relayées par ses adjoints. L’avancée des travaux est immédiatement rapportée dans la presse locale.

«Le calendrier ne correspond à rien»

Jean-Christophe Picard a porté cette question des inaugurations en conseil municipal. «C’est le grand mystère des lancements de chantier», dit l’élu écologiste. Il a remarqué que les travaux d’un square ont été annoncés le 21 mai 2021 «juste avant les élections départementales» (où Jean-Christophe Picard était candidat) alors que le permis de construire a été délivré treize mois après. «Le calendrier ne correspond à rien, expose-t-il. Quand des élections approchent, Christian Estrosi inaugure le moindre caillou. Il inaugure tout ce qui bouge.» Avant de railler : «Il y a quelques années, il a même inauguré la pose de la pelouse du stade Allianz Riviera.»

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Christian Estrosi a «toujours fait des visites de chantier», fait savoir son entourage, qui décorrèle ces invitations de l’approche d’élections. Il n’y aurait «pas plus» de séquences «que d’habitude» : «C’est le timing et le planning des chantiers qui veut ça.» Sous les grues, Estrosi annonce que «2025 va être une immense année pour l’histoire de Nice». Il cite les inaugurations du tunnel et de l’hôtel des polices, la fin du chantier de l’hôpital et la livraison de «la saison 2» d’un jardin. A Nice, les inaugurations se découpent en «saisons», comme une longue série télévisée.

Libération

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