Enchanté Julia, groove vibrations

On y croit

Une scène soul en français est en train d’éclore. Le premier album de l’autrice-compositrice-interprète le prouve de la plus élégante des manières.

Voilà un album qui devrait être remboursé par la Sécurité Sociale tant il fait du bien, presque physiquement. Trente-deux minutes de délicates harmonies vocales, lovées dans un cocon groovy et ouaté sur un lit d’infra-basses qui caressent le ventre. On s’emballe ? Peut-être est-ce l’atmosphère inquiétante du moment qui nous fait inconsciemment convoiter un peu de douceur… Quoi qu’il en soit, après deux EP remarqués, la chanteuse originaire du Luberon relève avec Onze le défi de faire sonner la langue française sur une musique soul, ce qu’on a longtemps dit impossible. Ses parents sont mélomanes et dirigent un festival. Grâce à eux, Julia a pu voir, enfant, Claude Nougaro sur scène, ce qui l’a tout autant marquée que sa découverte d’Erykah Badu quelques années plus tard. Les textes sont directs mais sensibles et elle a su trouver avec son équipe de producteurs venus de la sphère rap (LaBlue, Tices et Antonin Fresson) des sonorités qui s’accordent parfaitement à une production chic qui n’a rien à envier aux stars anglaises ou américaines.

[embedded content]

Enchantée Julia confie ses amours et ses doutes, notamment sur son métier car «la route est longue» comme elle le chante sur Ballade. Présente sur l’album de Prince Waly avec un joli succès pour le titre Cra$h, elle lui retourne la politesse avec le duo d’amour Onze, où on entend le rappeur lui déclarer être «arrivé dans son cœur comme un bad boy dans le death row». Avec ses vocalises, la chanteuse sait aussi jeter un voile pudique sur un trop-plein de sensualité (la Sève). Avant de retourner dans sa base arrière avec les Santolines pour finir l’album, au chaud, dans la maison familiale provençale. Férue de numérologie, on apprend que le chiffre onze est celui de l’intuition. Enchantée Julia voit-elle dans les nombres la scène française rivaliser avec Sade ou Marvin Gaye ? Entre son premier album et ses camarades de la nouvelle scène soul hexagonale Astrønne, Aupinard ou Lossapardo, l’espoir est permis.