Le Geres à la rescousse des logements mal isolés à Marseille : «En rénovant, on améliore le confort, on réduit les dépenses»

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Climat Libé Tour : reportage

Active depuis trente ans, l’association intervient auprès des habitants de maisons et appartements vétustes pour les soutenir dans les travaux nécessaires.

Jeunesse, biodiversité, justice, décolonialisme… Toute l’année, Libé informe sur les enjeux de l’urgence écologique à travers une série d’événements gratuits et grand public. L’objectif : trouver des solutions concrètes au plus proche des territoires. Cinquième étape du Tour 2024 : Marseille, le samedi 19 octobre (entrée libre sur inscription). Un rendez-vous réalisé avec le soutien de la ville de Marseille, le Mucem et la Citadelle de Marseille, et en partenariat avec le Crédit Coopératif, l’Ademe, le groupe VYV, le groupe SOS, Asics, la Fondation Jean-Jaurès, Greenpeace, Oxfam, la Forêt des Possibles, le Lierre, Médiatransports, Pioche ! Magazine, Vert, le média et BFM Marseille. Entrée gratuite sur inscription.

La maisonnette est cachée derrière un porche, dans une rue modeste du quartier de la Belle-de-Mai. «L’un des plus pauvres de France, et même d’Europe», prévient Patrick Hennache en ouvrant la porte. Depuis dix-sept ans, c’est chez lui : un petit espace tout en longueur collé à un immeuble plus haut, avec une chambre et une salle de bains, où le retraité de 67 ans vit seul depuis la mort de son épouse. Le bâtiment, une ancienne écurie, a 100 ans d’âge. Forcément, l’habitat s’est un peu fatigué. Il y a surtout ces remontées capillaires, qui ont fait sauter deux gros carreaux du sol de la salle de bains. Les travaux coûtent cher, «15 000 euros», estime Patrick, qui a fait des devis. Comme dans beaucoup de logements vétustes, l’isolation laisse à désirer. Cela a un impact sur la facture d’électricité, pas toujours simple à assumer, surtout quand, comme Patrick, la retraite n’est pas énorme.

«Ces questions d’énergie, c’est leur quotidien»

Patrick, ses difficultés d’isolation, ses revenus limités : c’est une mission pour le Geres. L’ONG a été créée il y a trente ans par de jeunes universitaires marseillais, avec les chocs pétroliers en tête, pour «améliorer les conditions de vie et lutte contre les changements climatiques et leurs impacts». Leurs actions, en France comme à l’étranger, ciblent principalement les personnes concernées par la précarité énergétique. En Provence notamment, 600 000 personnes seraient dans cette situation. Logements vétustes ou mal isolés, fuites d’eau, appareils obsolètes… Dans les quartiers populaires, comme le 3e arrondissement de Marseille où vit Patrick, les conséquences sont d’abord financières pour les résidents, certains allant jusqu’à se retrouver en surendettement. Les hausses régulières des prix de l’énergie n’arrangent rien, le réchauffement climatique non plus : «Ce sont les mêmes ménages précaires qui souffrent des sous-chauffes l’hiver et du quotidien dans une bouilloire thermique l’été, souligne Kamel Sadki, chargé de projets énergie et habitat pour le Geres.

D’où l’idée de développer, à destination de cette partie de la population, un dispositif d’accompagnement personnalisé permettant à la fois de réduire la facture d’énergie et de réaliser un diagnostic complet et gratuit du logement, accompagné de travaux d’urgence et de conseils très pratiques. Avec, à chaque fois, une sensibilisation plus globale aux questions de changement climatique. «Il y a un vrai intérêt des populations à se saisir de ces enjeux, insiste Kamel Sadki. Ces questions d’énergie, c’est leur quotidien. Et les ménages modestes consacrent cinq fois plus pour se chauffer que les ménages plus aisés proportionnellement à leurs revenus. En rénovant, on améliore le confort, on réduit les dépenses et les émissions de gaz à effet de serre. C’est un discours ensemblier que les populations ont intégré, elles le font pour elles et les générations futures.»

Solutions simples et peu coûteuses

Patrick Hennache a rencontré l’équipe du Geres dans un atelier énergie d’un club du troisième âge et a obtenu un rendez-vous à domicile en montrant simplement sa facture d’électricité. Chez le retraité, le diagnostic est classique : de quoi proposer rapidement des solutions simples et peu coûteuses. Patrick fait la liste. Au plafond, des ampoules Led. Sur le mur, un petit appareil mesurant le taux d’humidité et la température. Autour des tuyaux de son cumulus, de petits manchons pour maintenir l’eau chaude. «Et dans la salle de bain, en plus d’un pommeau économiseur d’eau, j’ai maintenant un petit sablier pour calculer mon temps de douche !» A plus long terme, pour ses travaux contre l’humidité, plus complexes et surtout coûteux, le Geres va aussi l’accompagner dans le choix des matériaux et l’orienter vers les aides publiques, comme «Ma prime renov».

Deux ans après l’intervention du Geres, le résultat est concret : «J’ai réduit ma facture d’électricité mensuelle de 40 euros, soit l’équivalent d’une semaine de mes dépenses alimentaires», se réjouit Patrick, qui voudrait aujourd’hui contribuer à faire connaître le dispositif. Ses voisins seront bientôt informés : le 12 novembre, à l’occasion de la journée nationale contre la précarité énergétique, le Geres accueillera le public place Caffo, juste à côté de chez lui.

Libération

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