Evénement
Du 6 au 8 décembre à Rouen, devant un parterre de scientifiques, l’édition 2 024 du forum «Naturellement !» organisé par la fédération Biogée soulignera le rôle primordial des forêts.
Des forêts à la santé de plus en plus chancelante. Partout en France, les bois brunissent ou craquellent, sous le poids des activités humaines. La crise climatique, la multiplication des insectes ravageurs et l’industrialisation des pratiques sylvicoles mettent en péril les poumons verts hexagonaux et d’outre-mer. Ces dix dernières années, la mortalité des arbres a grimpé de 80 %. Leur capacité à stocker du carbone (fonction essentielle dans la lutte contre le réchauffement du globe), elle, a considérablement diminué : entre 2014 et 2022, les forêts métropolitaines ont absorbé 39 millions de tonnes de CO₂ par an en moyenne, contre 63 millions sur la période 2 005 – 2 013. Un constat qui inquiète la communauté scientifique, les associations écologistes et certains sylviculteurs. Ils militent pour le déploiement d’une gestion plus durable de la forêt. De nombreuses solutions existent et s’expérimentent déjà aux quatre coins de la France.
C’est tout l’objet de l’édition 2 024 du forum «Naturellement !» organisé par la fédération Biogée (réseau de scientifiques, associations et collectifs promouvant les sciences de l’environnement comme une solution face aux crises que rencontre la société française) et la ville de Rouen. Du 6 au 8 décembre se tiendront débats, projections, excursions et ateliers sur le thème de «La forêt et l’humanité». Le but : rappeler l’importance des forêts et des arbres pour les écosystèmes, la biodiversité, le climat, mais aussi son rôle dans la préservation de notre santé mentale et physique ainsi que la transition énergétique.
Le botaniste et le biologiste français Francis Hallé y parlera de la beauté des forêts primaires. Sa consœur, Cathrine Lenne, dévoilera les secrets des arbres, tandis que Laurent Tillon, agent à l’Office national des forêts, racontera les histoires de ceux qui les habitent. On parlera aussi sociologie de l’arbre avec Geneviève Michon.
«La forêt ne va pas très bien, pourtant c’est un des endroits où il y a une forme d’immobilisme, soulève le biologiste et président de la Fédération Biogée Marc-André Selosse, à l’origine de l’événement. Pour que les gens boycottent les mauvaises entreprises, il faut qu’ils aient compris les enjeux.» Et de poursuivre : «Il faut retisser notre lien à la forêt. Plus qu’un lien de consommation, nous devons développer un lien culturel, de divertissement, et rappeler le fonctionnement de ses grandes fonctions écologiques, à l’instar du cycle de l’eau et de la préservation de la biodiversité».
Un message partagé par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la métropole rouennaise, qui a décroché le titre de capitale française de la biodiversité pour ses forêts en 2023. «La science est sans équivoque, il y a urgence. Nous devons passer à l’action», pousse-t-il. A son échelle, l’édile a déjà engagé de nombreuses initiatives en faveur de la protection, mais aussi dans la démocratisation de l’accès à la nature, des milieux forestiers ceinturant la métropole. «En 2020, on a arrêté un projet de déboisement et d’artificialisation dans la forêt du Madrillet. On en a fait une zone écologique de 60 hectares, que l’on a réussi à reclasser en forêt protégée», rappelle-t-il. De fait, si toutes les espèces ont toujours exploité leur milieu, seul l’être humain le fait bien au-delà de ce que peut supporter la planète. «L’Homme peut, doit, faire en sorte que ce soit durable», conclut Marc-André Selosse.
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