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Les journées du vivant et de la Terre: interview
Faire pâturer ses animaux dans un verger ou conserver des fruitiers en haie au milieu de champs cultivés. Fabien Balaguer, directeur de l’association française d’agroforesterie nous raconte pourquoi replacer l’arbre dans les pratiques agricoles.
Rencontres, débats, concours photo… L’édition 2024 du forum «Naturellement !», organisé à Rouen par le collectif Biogée du 6 au 8 décembre 2024, aura pour thème «la forêt et l’humanité». Interview de Fabien Balaguer, présent lors du forum.
Peut-on définir quelles pratiques regroupe l’agroforesterie ?
L’idée de l’agroforesterie, c’est de sortir l’arbre de la forêt, de promouvoir des zones d’interaction avec l’agriculture. Aujourd’hui, si on regarde une carte de la France, nous avons d’un côté la forêt sur près de 30 % du territoire, et de l’autre de l’agriculture à hauteur de 53 %. Les systèmes de production ont été spécialisés et le remembrement a fait disparaître beaucoup d’arbres. S’il reste des haies, ce sont souvent des vestiges, des marqueurs paysagers non intégrés à l’agriculture. Or nous pensons qu’il faut rompre avec cette monoculture et la spécialisation des productions, mêler les arbres aux cultures, que ce soit sur des parcelles céréalières, en viticulture ou en élevage. Car leur absence rend les sols plus vulnérables et sujets à l’érosion. Face à cela, l’agroforesterie cherche à optimiser les ressources de façon durable, en termes de biodiversité, d’eau, de sol, et de productivité. Elle promeut des territoires riches, des sols fertiles, des arbres pourvoyeurs de biomasse et amortisseurs climatiques s’ils sont bien placés, afin d’obtenir des rendements plus équilibrés sur le long terme.
L’agroforesterie ne concerne pas seulement les haies ?
La haie bocagère constitue en effet un modèle tout terrain. Elle peut servir dans l’élevage, la viticulture et, hors métropole, pour la canne à sucre, voire les plantations de bananes. Elle produit du bois ou des fruits, abrite du vent, crée des corridors écologiques… Mais ce n’est pas la seule forme arbustive de l’agroforesterie. On rencontre aussi des bosquets, de l’élevage en sous-bois – un modèle plus traditionnel quasiment disparu. Pourtant, c’est très robuste et de plus en plus d’éleveurs s’y intéressent avec l’augmentation des contraintes climatiques. Les animaux peuvent s’y réfugier par fortes chaleurs. L’herbe aux pieds des arbres se régénère mieux et peut servir à pâturer.
Y a-t-il une prise de conscience de tous ces bienfaits ?
Pour l’instant, cela reste minoritaire. Les agriculteurs sont devenus des spécialistes. Il manque d’une approche globale et d’accompagnateurs. Voilà pourquoi avec notre association, nous formons et construisons un réseau technique sur lequel ils peuvent s’appuyer. Il faut également souligner la complexité administrative qui pèse sur les épaules paysannes. Beaucoup de réglementations ont été imaginées sans le monde agricole et viennent s’opposer à leurs pratiques. D’expérience, nous constatons que les agriculteurs ont surtout besoin d’être accompagnés et c’est donc ce que nous cherchons à faire.
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