A l’occasion de la lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, Judith Godrèche était à Lyon pour présenter son court métrage Moi aussi.
En février dernier, lorsqu’elle a dénoncé les viols qu’elle a subis en portant plainte contre Benoît Jacquot, elle a reçu plus de 5.000 messages de soutien.
Depuis début septembre, Judith Godrèche rend hommage à Gisèle Pelicot, droguée par son ex-mari et violée par plus de 80 hommes pendant une dizaine d’années.
Lors de la projection du court-métrage à Lyon, de nombreuses personnes ont noté des liens entre le film et le procès de Gisèle Pelicot.
Quel lien faites-vous entre votre histoire et celle de Gisèle Pelicot ?
Même si je n’ai pas subi la soumission chimique, j’ai été sous emprise. La question du consentement est au cœur du sujet. Ce que dit l’histoire de Gisèle Pelicot, c’est qu’on ne peut plus ignorer la banalisation du viol dans notre société.
Que représente Gisèle Pelicot pour vous ?
Elle a eu le courage de lever le huis clos sur le procès, ce qui a permis aux médias de s’emparer de son histoire. Il faut continuer de diffuser ses mots. Elle dit : « Il est grand temps que la société machiste et patriarcale qui banalise le viol change. Il est temps qu’on change de regard sur le viol. »
Que nous dit ce procès de la société ?
Il nous dit qu’on ne peut plus faire semblant de ne pas savoir ce qu’il se passe. On ne peut plus nier les rapports de pouvoir que les hommes exercent sur les femmes. Mais il y a encore une résistance à cette réalité. Il y a un réel problème patriarcal dans notre pays.
Pourquoi ?
La société ne change pas assez vite. Même avec le procès de Gisèle Pelicot, les politiques ne parlent pas de « violences systémiques » dans notre « société patriarcale ».
Qu’avez-vous pensé des mesures annoncées par le gouvernement ?
Je n’ai pas entendu ce que je voulais entendre. Il sera désormais possible de porter plainte dans les hôpitaux, mais où sont les effectifs ? Les associations féministes demandent 2,6 milliards d’euros pour recueillir la parole des victimes, prendre en charge leur suivi et faire de la prévention. Pour l’instant, la réponse politique n’est pas suffisante.
Gisèle Pelicot a demandé un changement de société, pas des « mesures à titre expérimental ». C’est ce que le Premier ministre aurait dû dire. Il faut prendre ses propos au sérieux pour faire évoluer les choses.
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