:quality(70):focal(2026x1105:2036x1115)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/ZFSRMKI3BREDXG6CWO2S4YFULI.jpg)
Chronique
Article réservé aux abonnés
Aux Etats-Unis, le nombre de livres ciblés par la censure a explosé en quelques années. En Algérie, Boualem Sansal est en prison. Mais vouloir réduire un écrivain au silence, c’est un peu comme vouloir empêcher la pluie d’être de l’eau.
Pendant très longtemps, les mineurs qui descendaient dans les mines de charbon apportaient des canaris en cage chargés de leur donner l’alerte. Si le canari, soudain, cessait de chanter, c’était le signe qu’un gaz toxique était présent et qu’un coup de grisou était imminent, il fallait remonter à la surface au plus vite. C’est ce petit oiseau qui, par son instinct aiguisé, permettait de prendre la mesure du degré de toxicité des lieux. Lui seul sentait ce qu’on ne pouvait voir. Eh bien, ces derniers temps, j’ai l’impression que les écrivains sont comme les canaris des mines de charbon, ils sont des sentinelles précieuses et les regarder permet de comprendre l’état du monde, celui qui est, celui qui vient.
Aux Etats-Unis, par exemple, le nombre d’auteurs ciblés par la censure a augmenté de 65 % (1) en deux ans. Durant l’année scolaire 2023-2024, on a comptabilisé 10 000 interdictions de livres dans les écoles primaires et secondaires du pays. On en comptait seulement 2 532 en 2021-2022, et 3 362 en 2022-2023. Ces interdictions, décidées aussi bien au niveau local que fédéral, ont majoritairement lieu dans les Etats conservateurs : Floride, Texas, Iowa, Utah. Les uns après les autres, les auteurs disparaissent des rayonnages des bibliothèques publiques sous couvert de respect des sensibilités, de protection de la jeunesse et de préservation des croyances.
Leave a Comment