Les sociaux-démocrates islandais ont remporté les élections législatives anticipées du 1er décembre, battant le Parti de l’indépendance du Premier ministre Bjarni Benediktsson, selon la chaîne publique RUV.
L’inflation persistante, les taux d’intérêt élevés et les préoccupations liées au pouvoir d’achat, au logement et aux soins de santé ont été les principaux facteurs de motivation des 268 000 électeurs, selon les sondages.
Après le dépouillement, l’Alliance sociale-démocrate dirigée par Kristrun Frostadottir a obtenu 20,8 % des voix, contre 19,4 % pour le parti conservateur du Premier ministre. Le Parti de la réforme libéral arrive en troisième position avec 15,8 %, selon RUV. Ces chiffres donnent à l’Alliance sociale-démocrate 15 des 63 sièges parlementaires, soit plus du double de son score aux élections de 2021, où elle n’avait pas atteint les 10 %.
“Je suis extrêmement fier de tout le travail que nous avons accompli. Il est évident que les gens veulent voir des changements dans le paysage politique”, a déclaré Kristrun Frostadottir à l’Agence France-Presse (AFP) alors que les résultats commençaient à se dessiner samedi soir.
Le parti du Premier ministre, qui avait obtenu 24,4 % des voix en 2021, enregistre le pire résultat électoral de son histoire. Mi-octobre, le chef du gouvernement avait annoncé la démission du cabinet formé avec le Mouvement des verts et de gauche et le Parti du progrès (centre droit), en raison de divergences sur de multiples sujets, allant de la politique étrangère aux demandeurs d’asile en passant par la politique énergétique.
Le Mouvement des verts et de gauche n’a remporté que 2,3 % des suffrages, loin du seuil de 5 % permettant d’être représenté au Parlement. Le Parti du progrès a également perdu des voix par rapport à 2021, passant de 17,3 % à seulement 7,8 %.
Coalition difficile à prévoir
En Islande, il n’existe pas de “culture” de gouvernement minoritaire, souligne Eirikur Bergmann, professeur de sciences politiques à l’université de Bifrost, ce qui signifie que plusieurs partis vont devoir s’entendre pour former une coalition.
Selon le politologue Olafur Hardarson, professeur à l’université d’Islande, une coalition pourrait réunir les sociaux-démocrates et les libéraux, ainsi qu’un ou deux autres partis. “C’est difficile à prédire parce qu’en Islande, le jeu des coalitions est relativement ouvert”, fait-il toutefois observer.
Bien qu’il soit à l’origine de la chute du gouvernement, l’immigration n’est pas un sujet central pour la plupart des électeurs, dans un pays où un habitant sur cinq est né à l’étranger. Selon un sondage Gallup publié début novembre, seules 32 % des personnes interrogées ont cité l’immigration parmi les cinq thèmes qu’elles jugent importants. A contrario, les soins de santé, les questions économiques et le logement constituent une préoccupation majeure pour 69 %, 62 % et 61 % des personnes interrogées.
Depuis la crise financière de 2008, qui a frappé de plein fouet les banques islandaises surendettées, peu de partis sortent indemnes de leur passage au pouvoir. “Au cours des quinze dernières années, les électeurs islandais ont été extrêmement critiques à l’égard de leurs gouvernements et ont voté contre le gouvernement lors de toutes les élections, sauf une”, rappelle M. Hardarson.
Les Islandais ont également été marqués cette année par les éruptions volcaniques dans la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays. La région, qui n’en avait pas connu depuis huit siècles avant mars 2021, en a subi sept depuis douze mois. Elles ont entraîné de nombreuses évacuations du village de pêcheurs de Grindavik.
Leave a Comment