
Le nom de l’historien Marc Bloch figure sur le monument aux martyrs de la Résistance à Saint-Didier-de-Formans (Ain), parmi ceux des “trente patriotes lâchement assassinés par les Allemands” le 16 juin 1944.
Le médiéviste est avant tout connu pour son ouvrage d’histoire immédiate, L’Etrange Défaite (1940), et pour son courage de combattant et de résistant.
Dans les années 1980, les historiens redécouvrent le Marc Bloch de L’Etrange Défaite. Ils reconnaissent en lui un anthropologue historique qui part du temps présent pour mieux appréhender le passé.
L’historien acquiert alors une stature iconique. Son héritage de héros de la Résistance est capitalisé par la revue des Annales, qu’il a fondée avec Lucien Febvre en 1928. Mais c’est plus tard qu’il est considéré comme une autorité morale et intellectuelle, ainsi qu’un citoyen français par excellence.
Son entrée au Panthéon est presque décidée en 2006, mais la concurrence potentielle avec Alfred Dreyfus l’ajourne. Pourtant, l’ancien combattant aurait aimé figurer aux côtés de ses compagnons d’armes de la Grande Guerre, comme Maurice Genevoix en 2020.
En 2024, la panthéonisation personnelle de Marc Bloch a une signification particulière à l’heure où de nombreux pays européens choisissent de s’en remettre à des partis nationalistes et anti-intellectuels.
« Amour de la vérité »
L’Etrange Défaite est rédigé de juillet à septembre 1940, pendant la première collaboration avec l’ennemi. Bloch utilise le vocabulaire d’une enquête pour s’autoriser l’écriture d’un “procès-verbal” qui commence par la “Présentation du témoin”, “je”, à triple titre : historien, soldat et juif.
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