«Cent mille milliards» de Virgil Vernier, Riviera sans retour

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Critique

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Poursuivant son exploration aiguë des lieux ultracontemporains, Virgil Vernier met en scène un trio de paumés dans un Monaco vidé pendant les fêtes, sur les pas mélancoliques d’un jeune gigolo.

C’est un petit conte de Noël mélancolique, dans l’endroit le moins Christmas du monde. Monaco pendant les fêtes, désertée pour des cieux plus cléments, c’est l’ossature toute crue qui se montre. Comme si les désirs mercantiles de ses habitants étaient restés sur place, déballés nus, jonchant les sols en marbre à la vue de tous. Clignotement mécanique des enseignes, des horloges à diodes, des loupiottes silencieuses, la ville vue par Virgil Vernier semble fonctionner sur programmation externe, elle pourrait continuer ad vitam sans nous. Et c’est là, entre galeries marchandes vides et gratte-ciel pompeux, sapins dégoulinant de décos et halls vitrés, que se tiennent chaud trois âmes paraissant seules au monde, rescapées pour l’instant d’un naufrage imminent. Un improbable phalanstère composé d’une petite fille dont les parents sont trop occupés à travailler pour s’occuper d’elle (Victoire Song), sa nounou serbe rêvant d’ouvrir un lieu dédié au bien-être (Mina Gajovic), et une de ses connaissances, escort boy à la peau de bébé et au regard chavirant, dont les amis et collègues se sont envolés vers Dubaï pour les fêtes (Zakaria Bouti). Ces trois-là, gracieux et presque mutiques, le film veut les enrober de tendresse et de lumière douce l’espace d’une petite semaine. Mais la trêve de Noël, dérèglement temporaire de l’ordre des jours, provoquera une faille, un interstice où se dessine la promesse d’une apocalypse.

Carapace de nonchalance

Cent mille milliards, c’est le genre de chiffre

Libération

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