La journaliste de «Disclose» Ariane Lavrilleux convoquée par une juge : «Mon portable a été géolocalisé, mes comptes épluchés…»

La journaliste de «Disclose» Ariane Lavrilleux convoquée par une juge : «Mon portable a été géolocalisé, mes comptes épluchés…»

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Liberté de la presse

Visée par une enquête sur des atteintes au secret-défense, l’enquêtrice avait déjà été placée en garde à vue en septembre 2023 après avoir révélé l’existence de l’opération «Sirli» en Egypte, qui aurait entraîné la mort de nombreux civils.

Pour la journaliste Ariane Lavrilleux, aucun doute : «C’est une nouvelle escalade dans la pression que subissent les médias.» Visée par une enquête sur des atteintes au secret-défense, l’enquêtrice de Disclose confirme auprès de Libé ce mardi 3 décembre être convoquée par une juge d’instruction le 17 janvier en vue d’une possible mise en examen pour «appropriation et divulgation d’un secret de la défense nationale». Contacté par l’AFP, le parquet de Paris n’a pas souhaité confirmer cette convocation.

Quinze mois plus tôt, en septembre 2023, la journaliste avait déjà été placée en garde à vue pendant trente-neuf heures, comme le rappelle Disclose dans un communiqué paru ce mardi. Dans le viseur des enquêteurs : plusieurs articles publiés par le média d’investigation depuis 2019 portant sur des ventes d’armes françaises à l’étranger. Dont l’un, cosigné par Ariane Lavrilleux, dévoilant l’existence de l’opération «Sirli» en Egypte. «Cette mission a conduit à l’exécution arbitraire de centaines de civils égyptiens», affirme Disclose. Qui désormais dénonce : «Pour sa participation à cette enquête, notre journaliste encourt une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.»

A l’époque, le domicile d’Ariane Lavrilleux avait été perquisitionné par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Dans la foulée de son placement en garde à vue, un ancien militaire, que la justice semble considérer comme l’une des sources d’articles publiés par Disclose, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour détournement et divulgation du secret de défense nationale par son dépositaire. L’instruction avait été ouverte en juillet 2022 à la suite de deux plaintes déposées l’année précédente par le ministère des Armées.

«Violation de la vie privée de notre consœur»

Aujourd’hui, après avoir eu connaissance des éléments de l’enquête judiciaire la concernant, Ariane Lavrilleux estime avoir été «espionnée» par les policiers de la DGSI pendant plusieurs mois. «J’ai fait l’objet d’une surveillance physique lors de mes déplacements, mon portable a été géolocalisé, mes comptes ont été épluchés…» liste-t-elle auprès de Libé. De son côté, Disclose condamne «avec la plus grande fermeté le détournement des moyens attribués à la lutte antiterroriste». «Cette opération de surveillance représente non seulement une grave atteinte au secret des sources des journalistes […], mais aussi une violation de la vie privée de notre consœur», ajoute le média.

Les Etats généraux de l’information (EGI) ont accouché en septembre de diverses propositions visant à renforcer la protection du secret des sources. Parmi celles-ci : circonscrire le périmètre de l’impératif prépondérant d’intérêt public qui peut être invoqué pour lever le secret des sources ou encore prévoir l’autorisation préalable d’un juge des libertés et de la détention (JLD) avant tout acte d’enquête ou d’instruction.

Avant de voir ces mesures mises en place et dans l’attente de sa convocation en janvier, Ariane Lavrilleux raconte son interpellation pour Louie Media dans un podcast intitulé «Moi, désobéir ?», diffusé à partir de ce mardi. Auprès de Libé, elle le décrit comme «inspiré par la DGSI». Et en particulier par une phrase lancée par l’un des agents lors de sa garde à vue : «Vous savez, je fais juste mon métier.»

Libération

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