**L’absence de culture du compromis en France : une exception européenne**
La censure du gouvernement Barnier met en évidence l’échec d’une tentative de parlementarisation forcée de la Ve République. Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’université de Lille, analyse les raisons de cette absence de culture du compromis.
### Pourquoi la France se distingue-t-elle de ses voisins européens en matière de culture du compromis ?
La culture du compromis, essentielle à la vie parlementaire, a pourtant existé en France sous les IIIe et IVe Républiques. Sous la Ve République, une culture majoritaire s’est imposée. Depuis les années 1960 jusqu’en 2022, le parti vainqueur des élections législatives disposait presque toujours d’une majorité absolue, rendant le compromis inutile.
L’inversion du calendrier électoral en 2002 a renforcé cette “majoritarisation” de la vie politique. Même Emmanuel Macron, qui ne s’attendait pas à une majorité parlementaire, a fait élire plus de 300 députés en 2017.
### La responsabilité des partis et des électeurs
Selon Lefebvre, les partis politiques portent une part de responsabilité, mais ils ne font que répondre aux attentes de leurs électeurs.
Si les citoyens déclarent vouloir du compromis, ils sont également attachés à leurs préférences politiques. La polarisation au sein des partis reflète également une polarisation au sein de l’électorat.
Les partis et les élus sont attachés au lien de confiance avec leurs électeurs, ce qui rend difficile la recherche de compromis.
En conclusion, la culture politique du fait majoritaire, profondément enracinée en France, ne peut être transformée rapidement. Bien que les partis politiques soient partiellement responsables, ils ne font que répondre aux attentes de leurs électeurs.
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