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En résumé
Au lendemain de la censure du gouvernement Barnier, le président de la République s’est adressé aux Français dans une allocution diffusée à 20 heures ce jeudi 5 décembre.
On aurait pu s’attendre à des annonces concrètes. La nomination d’un nouveau Premier ministre, une modification de la Constitution pour introduire la proportionnelle, ou carrément une démission. Mais l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron, ce jeudi 5 décembre au soir, n’a guère apporté de concret et a longtemps eu l’apparence d’une longue justification de son action, sans le début d’une remise en question. Il faut dire que le suspense avait grandement été atténué lorsque l’on a appris en début de soirée que l’identité du successeur de Michel Barnier, censuré mercredi soir, n’y serait pas dévoilée.
Libération vous résume l’essentiel des informations à retenir de cette intervention d’une dizaine de minutes.
Emmanuel Macron souhaite un «gouvernement resserré d’intérêt général»
C’est l’annonce la plus concrète de l’allocution. Après avoir remercié son Premier ministre censuré – qui a été «à la hauteur du moment quand d’autres ne l’ont pas été» –, le président de la République a fait savoir qu’il nommera le successeur de Michel Barnier «dans les prochains jours». Sa mission : former un «gouvernement resserré d’intérêt général», qui représentera «toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou à tout le moins s’engage à ne pas le censurer». Si on peut se demander quel «intérêt» servait le précédent exécutif, l’idée serait donc une sorte de gouvernement d’union nationale «qui puisse diriger, trancher» sur des grands thèmes détaillés par le chef de l’Etat : «L’école, la sécurité, la santé, le climat…»
La «priorité» du nouveau Premier ministre «sera le budget», alors que les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure. Une loi spéciale sera déposée «avant la mi-décembre au Parlement», a affirmé le président de la République. «Cette loi temporaire permettra, comme c’est prévu par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays. Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024.» Un nouveau budget sera ensuite établi au «début d’année 2025», pour ne pas que les Français «payent la facture de cette censure».
Le Président assure qu’il accomplira son mandat «pleinement, jusqu’à son terme»
Alors que de nombreux élus de gauche et d’extrême droite lui demandent de partir, Emmanuel Macron a assuré qu’il irait bien au bout de son quinquennat en 2027. «Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l’exercerais pleinement jusqu’à son terme», a-t-il déclaré. Selon des sondages Odoxa et Elabe publiés ce jeudi, le départ du chef de l’Etat est souhaité par 59 % à 61 % des Français sondés.
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Emmanuel Macron se dédouane et rejette la faute sur les autres
Sur de nombreux sujets, le Président a attaqué ses adversaires politiques plutôt que d’esquisser le début d’un mea culpa. Au lendemain de l’adoption de la première motion de censure contre un gouvernement depuis 1962, le chef de l’Etat a par exemple cherché à se dédouaner de la crise politique provoquée par sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin dernier. Jeudi soir, Emmanuel Macron n’a pas estimé que c’était une mauvaise décision, il a plutôt considéré que celle-ci «n’a pas été comprise». Ce choix, «beaucoup me l’ont reproché et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher. C’est un fait et c’est ma responsabilité», a affirmé le président de la République.
Le «cynisme et le chaos» qui s’en sont suivi, sont ici à mettre au débit de ses adversaires politique. Le Président estime, lui, avoir «consulté» et «tenté de convaincre les formations politiques» tout l’été. Selon son récit, il a ensuite nommé «un responsable politique d’expérience, jusqu’alors dans l’opposition» en la personne de Michel Barnier avant de le laisser «gouverner» et de laisser «le Parlement légiférer». Si l’honorable Michel Barnier est tombé mercredi soir, c’est par la faute de «l’extrême droite et [de l’]extrême gauche» qui se seraient unies «dans un front antirépublicain». Ce faisant, les députés qui ont voté la censure ont choisi le «désordre», «qui est le seul projet qui les unit», «avec la complicité du reste du Nouveau Front populaire». Les oppositions sont ainsi renvoyées à leur «irresponsabilité» et accusées d’avoir fait tomber le gouvernement «à quelques jours des fêtes de Noël», «non pas pour faire mais pour défaire» avec une seule chose en tête : «l’élection présidentielle» de 2027.
L’exemple enflammé de Notre-Dame
Sur la fin de son allocution, Emmanuel Macron a fait feu de tout bois. Pour redonner confiance aux électeurs, le président de la République a cité la réouverture de Notre-Dame-de-Paris, prévue en grande pompe ce week-end. «Ce chantier, que l’on croyait impossible […] nous l’avons fait !», s’est-il félicité. «Tout comme nous avons réussi nos Jeux olympiques», n’a-t-il pu s’empêcher d’ajouter. La raison de cette réussite ? Un «cap clair», une «volonté» ainsi qu’un effort déployé par tous. «C’est la preuve que nous savons faire de grandes choses, nous savons faire l’impossible», s’est-il enflammé. L’amenant à en déduire : «Ce succès est à reproduire pour la nation.» Un vœu pieux ?
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