Les corps disent une chose, les mots le contraire. Qui croire ?
Renvoyé devant le tribunal correctionnel de Bobigny, Marc de Cacqueray-Valmenier, militant d’ultradroite, arbore à la barre une belle carrure et un blouson Barbour. Mais quand il parle, il se pose en victime : les journalistes auraient détruit sa carrière, la justice se tromperait sur son compte alors qu’il serait un homme pacifique et équilibré n’aspirant qu’à fonder une famille et à écrire des livres de philosophie.
Ancien leader du groupuscule dissous Les Zouaves Paris et régulièrement décrit comme néonazi, M. de Cacqueray-Valmenier, 26 ans, était jugé, vendredi 6 décembre, pour avoir participé au passage à tabac d’une douzaine de militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Eric Zemmour à Villepinte (Seine-Saint-Denis) en décembre 2021 à la faveur de la campagne présidentielle. Une douzaine de militants de l’association à la petite main jaune étaient montés sur des chaises pour exhiber chacun une lettre de la phrase « Non au racisme », qu’ils avaient également scandée. La scène n’avait duré que quelques secondes avant qu’une foule en fureur de sympathisants du candidat fasse tomber les militants et leur assène un déluge de coups de poing, de pied ou de chaises.
Aux côtés de Marc de Cacqueray-Valmenier, déjà condamné à quatre reprises pour des faits de violence, un jeune inconnu gominé de 21 ans à la moustache naissante, Gwendal C. P., est accusé lui aussi d’avoir participé au tabassage général. Il porte un chapelet − ou un rosaire − dans la poche arrière droite de son pantalon. Son cou, enserré par une écharpe, laisse entrevoir un tatouage : une formule en latin (« Deus vult », « Dieu le veut »), le cri de ralliement de la première croisade, dont les deux mots sont séparés par une croix rouge.
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