«La fabrique du rêve» de Victor I. Stoichita, une épopée du songe

Un ouvrage au texte précis, magnifiquement et méthodiquement illustré, qui va du Moyen Age jusqu’au XVIIe siècle.

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Peu de gens connaissent aujourd’hui Tondal, chevalier irlandais du XIIe siècle. Au milieu d’un repas, il s’évanouit parmi ses amis. Un chroniqueur français, en 1475, écrit : «Tous les signes de sa mort apparurent : ses yeux se renversèrent, son nez se pinça, ses lèvres pâlirent, son menton tomba et ses bras et jambes se raidirent.» Un reste de chaleur sur le côté gauche fait qu’on ne l’enterre pas. Il reste ainsi, étendu et inconscient, pendant trois jours. Son âme en profita pour effectuer un voyage initiatique en enfer, au purgatoire et au paradis. Enfin Tondal se réveilla et conta à ses amis ce que celle-ci avait vu et enduré. Enluminée par Simon Marmion, une version de cette histoire, alors connue, appartient à la femme de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.

On voit ainsi le pauvre Tondal, tout nu, guidé par un ange bleu, traverser sur un petit pont «la vallée du soufre brûlant» : c’est «le supplice des orgueilleux». Tondal n’observe pas que les châtiments infligés aux autres. Il est menacé de subir ceux qui correspondent à ses péchés. On le voit en enfer, parmi des créatures et dans des lieux si étranges que Freud lui-même n’aurait pu les interpréter. L’atelier de Jérôme Bosch, puis Bosch lui-même, vont prendre le relais. Victor I.Stoichita, professeur à l’universit