Violette Dorange, la bleue

La navigatrice de 23 ans est la benjamine du Vendée Globe qu’elle va disputer sur l’ancien bateau de Jean Le Cam, le doyen de l’épreuve.

A quelques semaines du Vendée Globe, les 40 concurrents se retrouvent à la Seine musicale dans l’Ouest parisien sur l’île Seguin, ancien site des usines Renault. Le petit monde de la course au large trépigne dans l’attente d’une interminable conférence de presse tournant surtout à l’autopromotion de la Vendée. Gracieuse et blonde comme les blés, une jeune femme a des airs d’élève un jour de rentrée au collège. Une horde de journalistes télé et radio la pourchassant a de quoi ajouter à sa fébrilité. A 23 ans seulement, Violette Dorange est la benjamine. Jamais quelqu’un d’aussi jeune ne s’est aventuré dans ces contrées en course. On la comparerait volontiers à l’anglaise Ellen MacArthur, 25 ans et dauphine de l’épreuve en 2001. En plus de trois décennies, ils ne sont que 84, dont 10 femmes, à avoir bouclé ce tour du monde sans s’arrêter. Les alpinistes ayant gravi l’Everest ont été cent fois plus nombreux…

Depuis des années, l’étudiante en école d’ingénieur à l’Insa de Rennes, spécialité génie physique et matériaux, brûle les étapes avec une maturité déconcertante. Elle a négocié une césure afin de mettre son master entre parenthèses. Ses parents sont tous deux vétérinaires. Son père, qui a un peu navigué dans sa jeunesse, est plutôt du genre «papa poule» s’occupant des partenariats avec les sponsors et couvant sa petite dernière. Sa mère s’est prise de passion à son tour, n’ayant qu’une vague idée de ce que sont ces bateaux totalement fous, dévorant les récits de tourdumondis