Contestation
Pour la dixième nuit consécutive, des milliers de Géorgiens se rassemblent devant le parlement pour protester contre le gouvernement pro-russe, qui a reporté le processus d’adhésion du pays à l’Union européenne à 2028.
La colère ne redescend pas. Des milliers de manifestants en faveur de l’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne ont marché, ce samedi 7 décembre, en direction du parlement géorgien à Tbilissi, capitale du pays. Une manifestation de plus, donnant le coup d’envoi d’une dixième nuit de protestations contre le gouvernement pro-russe, pour avoir reporté le processus d’adhésion à 2028, mais également d’avoir truqué les dernières élections législatives du 26 octobre. Cette ex-république soviétique du Caucase traverse une crise politique depuis ces élections, remportées par le parti au pouvoir Rêve géorgien, mais contestées par l’opposition pro-occidentale.
Au cours des neuf précédentes nuits de protestations, émaillées de violences, les manifestants se sont réunis devant le parlement et à ses alentours, face à la police, qui a dispersé la plupart des rassemblements par la force. Dans une volonté de changer de tactique, des milliers de personnes ont commencé à manifester ce samedi après-midi devant une université de Tbilissi, avant de se diriger vers le parlement à grand renfort de klaxons et de sifflets, bloquant l’une des principales artères de la ville. «Le gouvernement essaie de nous arrêter, de nous punir, mais nous ne reculons pas, nous n’avons pas peur», a affirmé à l’AFP le jeune Guiorgui Romanadzé, 19 ans. «C’est notre dernière chance d’être libres, d’être heureux. Nous voulons l’Europe et seulement l’Europe.»
Manifestations réprimées
Dans la nuit de vendredi à samedi, «les forces de l’ordre ont arrêté 48 personnes pour désobéissance aux ordres légitimes de la police et vandalisme», a affirmé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. La police géorgienne a décidé de disperser la foule après que «les actions de certains participants à la manifestation ont pris un caractère violent», des protestataires ayant insulté des policiers et leur ayant jeté des pierres, selon cette même source.
Le commissaire géorgien aux droits humains, Levan Ioseliani, a pour sa part une nouvelle fois estimé que la police n’avait «pas de base légale pour disperser une manifestation pacifique». Les journalistes de l’AFP ont vu, au cours de la nuit, la police anti-émeute utiliser une nouvelle fois des canons à eau et du gaz lacrymogène alors que les manifestants se repliaient à quelques mètres du parlement. La foule était vendredi soir moins nombreuse que lors des rassemblements des jours précédents.
L’opposition derrière les barreaux
Le gouvernement, accusé de dérive autoritaire prorusse par ses détracteurs, a adopté ces derniers jours un discours de plus en plus ferme envers le mouvement. Plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées et les bureaux de leurs partis ont été perquisitionnés par la police, qui affirme avoir saisi des feux d’artifice et des cocktails Molotov. Lors de la septième nuit de contestation, des policiers encagoulés ont battu et arrêté Nika Gvaramia, le leader du parti d’opposition Akhali, le tout devant les caméras de la chaîne de télévision indépendante Pirveli. Il a ensuite été condamné à douze jours de prison.
Le dirigeant d’un autre groupe d’opposition, Géorgie forte, Alexandre Elisachvili, a lui été placé en détention provisoire pour deux mois. Plusieurs personnes ont également été arrêtées, accusées d’avoir «organisé les violences» lors des manifestations à Tbilissi, où les protestataires ont tiré des feux d’artifices sur la police. Vendredi, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé s’est félicité de voir le ministère de l’Intérieur «neutraliser avec succès les protestataires». Il a affirmé avoir «remporté une bataille importante contre le libéralo-fascisme» en Géorgie, terme qu’il emploie pour qualifier ses opposants.
Selon les autorités, 341 manifestants ont été arrêtés au total depuis le début du mouvement. Près de 150 policiers ont été blessés. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont dénoncé cette répression, et Washington a menacé d’adopter de nouvelles sanctions contre la Géorgie.
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