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Le portrait
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L’ex-Pixies et leader des Breeders, qui n’a rien perdu de sa décontraction, sort son premier album solo sur le thème du délabrement.
Il y en a comme ça qui n’ont jamais eu besoin de tricher, de se construire un mythe, une jolie façade. Installée à la diable dans les bureaux de son label, dans le XXe arrondissement de Paris, valises ouvertes, fringues jetées en travers d’un plateau où sont posés deux croissants énormes («désolée, je fais vraiment ma touriste»), Kim Deal est telle qu’on l’a toujours connue, imaginée : anomalie brute et joyeuse dans un théâtre – le rock’n’roll – où tout n’est qu’élégance savamment déglinguée, légendes minutieusement orchestrées, trucs, tours de passe-passe et petits arrangements.
Découverte à la fin des années 1980 comme bassiste des Pixies, groupe de Boston issu des marges qu’on imaginait capable d’un hold-up sans précédent dans les charts internationaux (ce sera finalement Nirvana qui assurera le casse, après leur avoir, au passage, volé quelques tuyaux). Et si on y a cru à ce succès impossible, c’est essentiellement à cause d’elle. Kim Deal, unique point d’ancrage dans un groupe à la musique diablement excitante, mais à l’image désastreuse. Comment ces chansons incandescentes pouvaient sortir des mains de types aussi épais et anonymes, attifés comme des supporteurs de hockey ? Elle seule, sur le côté droit de la scène, assurait le spectacle, magnétique, jouant de son instrument tel un plombier aux prises avec un collier de fixation monobloc, un sourire hilare aux lèvres, comme si elle n’en revenait pas d’être là ou qu’elle tirait les ficelles d’un formidable canular
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