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Dans le rétro
Comme son père avant lui, le dictateur déchu, renversé le week-end des 7 et 8 décembre, gouvernait par la terreur, réprimant systématiquement dans le sang toute opposition.
En reprenant la Syrie des mains du régime dictatorial de la famille Al-Assad, les rebelles syriens ont mis fin à cinquante-quatre ans d’un régime sanguinaire.
Novembre 1970 : le putsch
Hafez al-Assad, alors ministre syrien de la Défense, arrive au pouvoir le 16 novembre 1970 à la faveur d’un putsch, aidé par son frère Rifaat. Le président déchu, Noureddine al-Atassi, est jeté en prison où il restera pendant vingt-trois ans, avant de mourir quelques jours après sa sortie. Dans la nouvelle Constitution du pays, le parti Baas devient le «dirigeant de l’Etat et de la société». C’est le début d’un demi-siècle de règne pour le clan Assad.
Février 1982 : la répression sanglante du soulèvement de Hama
Dans la nuit du 2 au 3 février 1982, un commando des Frères musulmans se soulève contre le régime syrien et investit la ville de Hama. Hafez al-Assad décrète l’état de siège et mobilise l’armée. Un carnage. Il n’y a, encore aujourd’hui, aucun bilan vérifié de la répression du soulèvement de Hama. Mais le chiffre de 10 000 morts est un minimum. Sur sa une le 1er mars 1982, Libé dénonce une «Saint-Barthélemy à la syrienne».
2011 : le début de la guerre civile
Le 15 mars 2011, à Deraa, a lieu un début de soulèvement pacifique contre le régime de Bachar al-Assad, qui a pris le relais de son père en 2000. Mais le «printemps arabe» syrien sera réprimé et écrasé dans le sang par le régime, qui tire à balles réelles sur les manifestants. C’est le début de la guerre civile. En 2021, année marquant les dix ans de conflit, celui-ci avait fait au moins 400 000 morts.
Août 2013 : les attaques chimiques de la Ghouta
Le 21 août 2013, à la Ghouta, dans la banlieue de Damas, des bombardements au gaz sarin font plus de 1 200 morts, dont une majorité d’enfants, et plus de 10 000 intoxiqués. Les Etats-Unis sont sur le point d’intervenir, mais renoncent au dernier moment, le régime s’étant engagé à ne plus utiliser d’armes chimiques. Bachar al-Assad, vu lors de sa prise de pouvoir comme un réformateur, est devenu le «boucher de Damas».
Décembre 2016 : la reprise d’Alep
La bataille d’Alep a déchiré, de 2012 à 2016, la deuxième ville de Syrie. A la mi-2012, la ville était coupée en deux. A l’ouest, les quartiers tenus par le régime, à l’est, ceux de l’opposition. Fin 2016, après des années de lutte et un mois de bombardements incessants, Alep retombe aux mains de l’armée d’Assad et ses alliés, notamment russe. La bataille d’Alep est la plus sanglante de la guerre civile syrienne. Au total, pendant les quatre ans d’affrontements, plus de 21 500 civils ont perdu la vie. Pendant les derniers jours de la bataille, au moins 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants, ont été exécutés par les forces syriennes.
2017 : la prison de Sednaya, un «abattoir humain»
La prison de Sednaya, à 30 kilomètres au nord de Damas, était un lieu clé pour le régime syrien. Tortures et mauvais traitements y étaient systématiques et institutionnalisés, mais il s’agissait aussi d’un lieu de massacre organisé, «un abattoir», selon les mots utilisés par Amnesty International dans un rapport de février 2017. A l’époque, l’organisation relevait qu’entre 5 000 et 13 000 prisonniers y avaient été pendus entre septembre 2011 et décembre 2015.
Avril 2017 : le massacre de Khan Cheikhoun
Le 4 avril 2017, des frappes du régime visent le village de Khan Cheikhoun. Bilan : plus de 100 morts, dont au moins 31 enfants, et plus de 500 blessés. Les premières images des corps suppliciés – pupilles fixes et rétrécies, asphyxies, convulsions – laissent deviner une nouvelle attaque chimique. Si le régime a toujours nié être à l’origine du massacre, une enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a confirmé que du gaz sarin avait bien été utilisé. Le 6 avril, Libération met en une la photo de corps d’enfants tués dans l’attaque, et titre : «Les Enfants d’Assad.» A l’époque, notre directeur de la rédaction, Johan Hufnagel, était revenu dans un billet sur «l’histoire de cette une qui nous hante».
2018 : le viol comme arme de guerre
«Sept ans après le début de la révolution syrienne», écrivait Libération dans une grande enquête en 2018, «les combats meurtriers et attaques féroces contre les civils ont forcé près d’un Syrien sur deux à quitter son domicile. La stratégie du régime s’est avérée gagnante. Au cœur de cette stratégie, une tactique aussi efficace que secrète : le viol. Les membres des forces de sécurité syriennes ont à dessein agressé sexuellement des opposantes, ou des proches d’opposants». Plusieurs ex-cadres et agents du régime nous avaient raconté à l’époque comment Damas a utilisé dès 2011 le viol comme arme de guerre pour mater et terroriser l’opposition.
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