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Une réaction après la mort de plus de 180 personnes à Port-au-Prince en un week-end. Dans un communiqué publié lundi 9 décembre, la Primature, le bureau du Premier ministre haïtien, a condamné «avec la plus grande fermeté le massacre abject perpétré les 6 et 7 décembre 2024». Le texte indique par ailleurs que les agissements du week-end qualifiés d’«acte de barbarie, d’une cruauté insoutenable, [ont] coûté la vie de plus d’une centaine de femmes et d’hommes, principalement des vieillards sans défense». Et de dénoncer encore «une attaque directe contre l’humanité et l’ordre républicain».
Ces meurtres ont été ordonnés par un «puissant chef de gang» convaincu que la maladie de son fils avait été causée par des pratiquants du culte vaudou, selon l’ONG haïtienne Comité pour la paix et le développement (CPD). «Il a décidé de punir cruellement toutes les personnes âgées et les pratiquants vaudous qui, dans son imagination, seraient capables d’envoyer un mauvais sort à son fils», a expliqué l’organisation basée à Haïti dans un communiqué. «Les soldats du gang étaient chargés d’identifier les victimes dans leurs maisons et de les emmener au fief du chef pour y être exécutés», a ajouté CPD.
«Des corps mutilés et brûlés dans la rue»
Ces meurtres ont eu lien dans le quartier de Cité Soleil, dans l’ouest de la capitale, en bord de mer, précisent le responsable onusien et l’ONG. Selon le CPD, la plupart des personnes tuées vendredi et samedi étaient âgées de plus de 60 ans, mais des jeunes qui ont essayé de s’interposer figurent également parmi les victimes. «Des sources fiables au sein de la communauté indiquent que plus de 100 personnes ont été massacrées, leurs corps mutilés et brûlés dans la rue», précise un communiqué de l’organisation. D’origine africaine et pilier de la culture du pays, le vaudou est arrivé en Haïti avec les esclaves africains. Il avait été interdit pendant l’occupation coloniale française (indépendance en 1804) et n’a été reconnu comme une religion officielle par le gouvernement qu’en 2003.
Les violences du week-end portent à plus de 5 000 le nombre de victimes de la violence des gangs depuis le début de l’année, a relevé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a souligné Volker Türk. Elles ont provoqué le déplacement de plus de 700.000 personnes, pour moitié des enfants, à travers le pays, selon des chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour octobre. La violence des gangs, déjà endémique dans ce pays des Caraïbes, s’aggrave depuis février, lorsque des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour renverser le Premier ministre de l’époque, Ariel Henry. En novembre dernier, Emmanuel Macron s’était emporté contre les dirigeants haïtiens, les jugeant «complètement cons» pour avoir limogé le dernier Premier ministre en date, Garry Conille.
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