Energie solaire : «Ici, ce serait dommage de s’en priver !»

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Du dispositif coopératif d’autoconsommation collective au Cailar à la start-up installant des panneaux offshore dans le port de Sète, en Occitanie, les initiatives se multiplient pour développer le photovoltaïque et ainsi réduire les factures.

Sur les toitures en tuile légèrement en pente de trois maisons du Cailar, des panneaux photovoltaïques sont sagement alignés. En ce début d’après-midi, réchauffés par le soleil automnal qui brille sur la Petite Camargue, ils produisent silencieusement l’énergie renouvelable destinée à trois habitations de ce quartier pavillonnaire, mais aussi à vingt-quatre autres consommateurs, la plupart cailarens, et à la mairie, tous regroupés au sein d’un dispositif d’autoconsommation collective.

«On paye l’électricité moins chère en la produisant tous ensemble, on participe au pot commun. C’est une opération intéressante», estime Claude, 79 ans, l’un des pionniers du groupement lancé il y a trois ans. Avec une orientation plein sud et des équipements 100 % électriques, Danielle et Gérard sont sans doute les plus chanceux : leur facture d’énergie a baissé de 35 %. Mais ces retraités sont tout autant motivés par le fait d’intégrer «une communauté». Et puis, «c’est bien pour la planète», ajoute Danielle.

Du soleil au moins 300 jours par an

A condition de «s’adapter». Fini l’usage des heures creuses nocturnes, destinées à payer moins cher l’électricité d’origine nucléaire ou thermique, il faut se muer en héliotrope et suivre le soleil. «Je dois faire fonctionner mes machines dans la journée, pas la nuit», explique la septuagénaire. Facile avec ce climat méditerranéen où le soleil fait de brillantes apparitions au moins 300 jours par an et, à la belle saison, accable de chaleur les Camarguais. Un autre couple, Amaury et Christelle, a, en sus, deux voitures électriques qui se chargent sur ce réseau partagé. Les quadragénaires calculent qu’en n’achetant plus de carburant et en isolant leur maison déjà équipée d’une pompe à chaleur, ils ont «économisé 3 800 euros par an». En moyenne, pour les vingt-sept foyers consommateurs, le gain sur la facture d’électricité varie de 8 % à 24 %. Et l’installation de panneaux solaires serait rentabilisée en six à sept ans.

Depuis le début, la mairie est partie prenante de l’association, baptisée Smart Lou Quila (du nom occitan du Cailar). Elle a couvert la toiture de son stade de panneaux photovoltaïques et s’est dotée d’un véhicule électrique pour sa police municipale, en attendant d’équiper le toit de l’école maternelle – une opération prévue au moment de la rénovation globale de l’établissement.

Au moyen de petits émetteurs radio Linky innovants, les vingt-sept foyers consommateurs (dont vingt-deux sont également producteurs d’énergie solaire) sont interconnectés. La puissance globale de ce réseau local s’élève à 84 kilowatts-crête. De quoi autoconsommer, mais aussi «avec le surplus injecté dans le réseau, en céder la moitié entre nous, à un tarif plus intéressant que celui d’EDF, et en vendre l’autre moitié à EDF», détaille Amaury Pachurka, président de la start-up montpelliéraine Sween qui gère le dispositif pour le compte de l’association locale. Il a aussi fourni ses deux principales innovations : les émetteurs radio et une appli qui permet à chacun de gérer sa consommation en temps réel, en fonction de la production et de la consommation collective, qui varient sans cesse.

«Ici, le solaire, ce serait dommage de s’en priver», sourit Patrick Dutilleul, qui vient d’intégrer le réseau et d’investir dans l’installation de panneaux photovoltaïques sur sa toiture. Logé dans une ancienne maison de village, le septuagénaire est tout sauf passéiste. Il veut s’inscrire dans la tendance actuelle («produire et consommer local») et «limiter le recours aux énergies fossiles». Surtout, lance-t-il, «c’est coopératif, ça me touche !». A court terme, il en «attend des économies» car, de sa pompe à chaleur à sa voiture hybride en passant par l’eau chaude, tout fonctionne à l’électricité chez lui.

Parcs photovoltaïques au sol et solaire offshore

Cette initiative locale n’est que l’un des signes de l’essor rapide du solaire en Occitanie, deuxième région française pour le nombre d’opérations d’autoconsommation collective – près de 70, sur un total de 559 en métropole, selon Enedis. Et si l’équipement des toitures en panneaux photovoltaïques continue de se développer, «les entreprises privilégient plutôt les parcs au sol, plus faciles à installer, plus grands et moins coûteux», souligne Olivier Sidler, porte-parole de l’association NégaWatt, experte de la transition énergétique. Il souligne aussi le fort potentiel actuel de développement en milieu agricole : «De nombreux agriculteurs ont de faibles revenus. En installant des parcs solaires sur leurs terres de moindre intérêt, cela leur permet d’avoir des revenus décents.» Et, selon lui, «sans que cela nuise à la biodiversité». Et de rappeler que «68 % du coût d’un panneau solaire est localisé en France : assemblage, montage, installation, maintenance…»

Cependant, au vu des tensions sur le foncier, une autre start-up montpelliéraine, SolarinBlue, s’est quant à elle lancée dans le solaire offshore. Son prototype photovoltaïque est ancré en mer Méditerranée, à deux kilomètres au large de Sète, depuis le printemps 2023. Une première en France. «Le défi est de faire face à un environnement très hostile, tout en ayant une équation économique viable», relève Antoine Retailleau, cofondateur et directeur de l’entreprise qui a obtenu, pour ce projet, une subvention de six millions d’euros de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), dans le cadre du plan France 2030. Les flotteurs, surmontés de panneaux solaires à quelques mètres au-dessus de l’eau, sont conçus pour résister à des vagues de douze mètres et des vents de 200 km/h. «En avril, ils ont tenu face à une vague de 8,7 mètres», indique l’entrepreneur, qui les compare à «un tapis qui ondule avec la houle».

Dans un an, ce qui n’est à l’heure actuelle qu’un «démonstrateur» laissera la place à douze nouveaux flotteurs, encore mieux adaptés à l’objectif assigné : déployer un parc photovoltaïque d’un mégawatt-crête. Relié au rivage par un câble sous-marin, le dispositif alimentera directement le port de Sète en électricité. Sous l’œil attentif de l’observatoire océanographique de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), chargé d’observer la vie marine sur les structures flottantes.

Libération

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