Industrie, fonctionnaires cheminots… pourquoi différents secteurs se mobilisent jeudi 12 décembre

Industrie, fonctionnaires cheminots… pourquoi différents secteurs se mobilisent jeudi 12 décembre

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Fonction publiquedossier

La journée sera marquée par des grèves chez les fonctionnaires et à la SNCF, et par des rassemblements dans tout le pays pour alerter sur les emplois industriels.

Ce serait un décembre «rouge», prévenait fin novembre Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, lors d’une conférence de presse. Sur fond d’instabilité politique et de démantèlement du fret, et alors que les plans sociaux se multiplient, plusieurs syndicats appellent les salariés de l’industrie, les fonctionnaires et les cheminots à se mobiliser jeudi 12 décembre.

Industrie : la CGT se mobilise contre la désindustrialisation qui redémarre

Michelinet Fonderie de Bretagne dans l’automobile, ArcelorMittal dans la sidérurgie, Solvay et Vencorex dans la chimie… Le monde de l’industrie est durement frappé depuis un an. Et ce n’est pas que la CGT qui le dit : selon le baromètre du gouvernement, l’Hexagone a vu une balance de -8 entre les ouvertures et fermetures de sites pour le premier semestre. Le cabinet Trendeo, dont les chiffres font référence, calculait une perte de 7 usines entre le 1er janvier 2024 et fin novembre. La CGT estime qu’entre 128 250 et 200 330 emplois sont menacés ou supprimés depuis septembre 2023.

Jeudi, le syndicat organise donc une journée de mobilisation nationale. Et si cela ne devrait pas être un déferlement dans les rues de Paris, elle devrait être particulièrement suivie devant les sites les plus concernés par les plans de licenciements, avec 119 initiatives. Une tonalité locale, explique la CGT, car la fermeture d’une usine a des impacts en cascade dans les territoires concernés. Celle de l’usine Solvay (68 emplois) à Salindres, près d’Alès, «menace l’emploi industriel mais aussi des emplois de services publics vitaux pour la population», rappelle l’union départementale CGT du Gard, listant le réseau ferroviaire, le nombre d’écoles, les bureaux de poste… Et conclut à «une double peine pour les habitants». Lors d’une conférence de presse le 27 novembre à Montreuil, Sophie Binet, secrétaire nationale de la CGT qui sera jeudi devant la Fonderie de Bretagne près de Lorient, assénait : «On est au pied du mur. On fête les 10 ans de la politique de l’offre, […] cette politique est un naufrage.»

Fonction publique : toujours mobilisée mais nettement moins que le 5 décembre

Elles étaient sept le 5 décembre, elles ne sont plus que trois jeudi : le nombre d’organisations syndicales qui appellent à nouveau les fonctionnaires à se mobiliser, y compris par la grève, a été divisé par plus de deux en une semaine. Non pas que la première journée ait été un échec : avec près de 19 % d’agents en grève dans la fonction publique d’Etat, selon le ministère concerné, le taux de grévistes avait triplé par rapport à la dernière grande journée de mobilisation organisée par l’intersyndicale au complet, le 19 mars. Et les enseignants ont été particulièrement mobilisés, avec 65 % de grévistes selon la FSU. La CGT a par ailleurs dénombré 200 000 manifestants, dont 30 000 à Paris, dans 160 cortèges et rassemblements, quand les autorités faisaient état de 130 000 manifestants dans le pays dont 12 000 dans la capitale.

«Il est plus que temps de prendre la mesure de la crise profonde dont cette journée n’est qu’une des traductions», a estimé l’intersyndicale dans la foulée, mais en se divisant sur les suites à donner. Il faut dire que le contexte politique a changé le 4 décembre, avec la censure du gouvernement Barnier et l’annulation de son budget 2025, dans lequel devaient s’insérer les mesures qui avaient déclenché le mouvement, à savoir le passage d’un à trois jours de carence en cas d’arrêt maladie et la réduction à 90 % de l’indemnisation des jours d’arrêt. Ainsi que des suppressions de postes notamment chez les enseignants. Faute d’interlocuteur au gouvernement, le ministre Guillaume Kasbarian n’étant plus chargé que des affaires courantes, la CFDT ne voit pas à, ce stade, l’utilité d’appeler à nouveau à la grève. «Il n’y a pas de demande de nos adhérents en ce sens», acte la secrétaire générale de la fédération Fonction publique, Mylène Jacquot. La CGT, FSU et Solidaires veulent maintenir la pression avec cette nouvelle journée, quand bien même elle sera beaucoup moins suivie, en envoyant un signal au futur gouvernement. Si Guillaume Kasbarian est à nouveau nommé, ou si son successeur est mandaté pour porter les mêmes mesures, «ça peut repartir très très vite», prévient Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU.

SNCF : les syndicats de cheminots divisés, le trafic peu perturbé

Après un appel commun lancé début novembre, seuls les deux syndicats de cheminots les plus radicaux – la CGT et SUD Rail – appellent encore à une grève nationale illimitée jeudi. A la SNCF, l’unité qui prévalait jusque-là s’est effritée au sujet des modalités d’action. En conséquence, la grève ne devrait avoir que peu d’impact sur la circulation des trains, en tout cas sur les grandes lignes, et ne devrait pas durer très longtemps. Jeudi, le trafic est annoncé «normal» pour tous les TGV, quand de légères perturbations toucheront les trains régionaux «avec, en moyenne nationale, huit trains sur dix», selon la SNCF.

Pour l’Unsa et la CFDT, qui dénonçaient jusqu’à la semaine dernière aux côtés de leurs homologues le démantèlement de Fret SNCF et la privatisation «à basse intensité» de l’ensemble de la compagnie, la grève ne se justifie plus. «Ce qui a fait pencher la balance, c’est l’accord obtenu sur les conditions sociales dans les entreprises qui succéderont à Fret SNCF», explique le secrétaire général de la CFDT Cheminots, Thomas Cavel. Avec les autres syndicats, la CFDT a signé un texte qui garantit aux cheminots concernés par le démantèlement de Fret SNCF le maintien de leurs droits sociaux (retraite, salaire, temps de travail) pendant trois ans dans les deux entreprises créées le 1er janvier 2025 pour lui succéder. A défaut d’avoir obtenu un recul politique sur la scission de Fret SNCF, le représentant de la CFDT se satisfait pour l’instant de ce «moratoire social».

Insuffisant pour la CGT et le représentant de SUD, Fabien Villedieu. Selon ce dernier, le fond des revendications des cheminots «justifie à lui seul la mobilisation» : «Privatisation, dumping social… On ne fait pas grève parce qu’il n’y a plus de café à la machine ! Grâce à nous, ces questions ont le mérite d’être posées dans le débat public.» Reconductible toutes les vingt-quatre heures, la poursuite de la grève sera votée au jour le jour en AG.

Libération

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