Réchauffement climatique : l’Arctique émet désormais plus de CO2 qu’il n’en absorbe

Réchauffement climatique : l’Arctique émet désormais plus de CO2 qu’il n’en absorbe

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Alerte blanche

Selon un rapport de l’Agence d’observation atmosphérique et océanique américaine, la région polaire vient d’opérer un «changement spectaculaire» : elle n’est désormais plus un puits de carbone, mais bien une source supplémentaire.

L’Arctique, région du monde particulièrement soumise aux effets du réchauffement climatique, rejette désormais plus de dioxyde de carbone (CO2) qu’elle n’en piège, en raison, notamment de la hausse des incendies, vient d’annoncer l’Agence d’observation atmosphérique et océanique américaine (NOAA). «La toundra arctique, qui connaît un réchauffement et une augmentation des feux de forêt, émet désormais plus de carbone qu’elle n’en stocke», détaille Rick Spinrad, le chef de l’organisme scientifique, qui a publié mardi 10 décembre un rapport sur le bilan de santé de l’Arctique en 2024. Cela «aggravera les effets du changement climatique», prévient le chercheur, ajoutant qu’il s’agit d’un «signe de plus, prédit par les scientifiques, des conséquences d’une réduction inadéquate de la pollution par les combustibles fossiles».

L’Arctique est un territoire polaire composé notamment de toundra – un milieu constitué d’une végétation rase – et de permafrost, aussi appelé pergélisol, un sol gelé qui contient le double de la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère, et le triple de ce qui a été émis par les activités humaines depuis 1850.

Incendies records

Or, ces dernières décennies, sous l’effet du réchauffement climatique, les incendies de toundra n’ont cessé d’augmenter et ont connu un record en 2023, note l’agence américaine. En brûlant la végétation, ces feux libèrent du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Mais ils altèrent aussi les couches isolantes du sol, accélérant le dégel à long terme du pergélisol, ce qui libère dans l’atmosphère le dioxyde de carbone et le méthane qui y étaient piégés. Ces deux gaz, qui contribuent fortement à l’effet de serre, viennent alors le renforcer.

«Ce qui se passe dans l’Arctique ne se cantonne pas à l’Arctique», abonde auprès de l’AFP Anna Virkkala, chercheuse au Woodwell Climate Research Center et coautrice du rapport. Car cette région qui englobe le pôle Nord «joue un rôle important dans le système climatique mondial en raison des énormes réservoirs de carbone» présents dans ses sols, ajoute-t-elle.

La saison des feux record connue par le Canada en 2023 a conduit à l’émission de «près de 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone», pointe Brendan Rogers, autre coauteur du rapport, soit «plus que les émissions annuelles de tous les autres pays, à l’exception de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde et de la Russie». Et 2024, en plus d’avoir connu l’été le plus pluvieux jamais enregistré, arrive en deuxième place en termes d’émissions liées à des incendies survenus au nord du cercle polaire arctique, précise l’agence sur son site.

L’Arctique touché par un phénomène d’«amplification»

Par ailleurs, selon le rapport de la NOAA, qui se fonde sur des observations menées entre 2001 et 2020, les températures enregistrées à la surface de l’Arctique mais aussi celles à au moins 15 mètres de profondeur, dans le pergélisol, n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. La zone est touchée par un phénomène dit d’«amplification», qui signifie qu’elle se réchauffe plus vite que les latitudes moyennes. Ce mécanisme est dû à de nombreux facteurs, comme la perte de la couverture neigeuse et de la banquise, ou encore le réchauffement des océans.

Si l’augmentation des températures liée au dérèglement climatique stimule la productivité et la croissance des végétaux, qui absorbent du dioxyde de carbone, elle provoque également le dégel du pergélisol. «Les émissions du pergélisol ne vont pas surpasser les émissions liées aux combustibles fossiles mais elles constituent une couche importante, et il faut donc en tenir compte», souligne Brendan Rogers.

Le fait que la toundra relâche à présent davantage de CO2 qu’elle n’en stocke est «un signe avant-coureur alarmant, prévient Brenda Ekwurzel, climatologue pour l’ONG américaine Union of Concerned Scientists. Une fois atteints, nombre de ces seuils d’impacts négatifs sur les écosystèmes sont irréversibles.»

Libération

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