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Pas des éco-terroristes, mais des militants qui ont dépassé les bornes, a jugé en substance le tribunal correctionnel d’Evreux ce vendredi 20 décembre. Quatre militants écologistes ont été condamnés à des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis pour avoir commis des dégradations et séquestré un gardien sur un site industriel de Lafarge dans l’Eure en 2023. «Nous n’avons pas affaire à des délinquants mais à des personnes engagées, avec un engagement qui a franchi les limites de la loi», avait estimé dans son réquisitoire le procureur Rémi Coutin, qui a récusé le terme «d’éco-terroriste» pour ce genre d’action. Il avait requis contre eux six mois de prison avec sursis.
Neuf militants étaient poursuivis. Trois prévenus ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et un quatrième à 10 mois avec sursis, notamment en raison d’une condamnation antérieure. Sur les cinq militants relaxés, trois devront payer une amende de 400 euros pour avoir refusé de se soumettre aux prises d’empreintes et de photos.
Opération «commando»
Le 10 décembre 2023, une centaine de militants écologistes «cagoulés et masqués» s’étaient introduits sur le site industriel de Lafarge à Val-de-Reuil, au sud de Rouen, lors d’une opération «commando» au cours de laquelle ils ont provoqué des dégradations estimées à plus de 450 000 euros par Lafarge, a rappelé le procureur. Selon l’accusation, ils ont séquestré un vigile dans son bureau pendant une dizaine de minutes. Jugés depuis jeudi devant le tribunal correctionnel d’Evreux pour association de malfaiteurs, dégradations et séquestration, ils encouraient une peine maximum de dix ans d’emprisonnement.
Un communiqué des Soulèvements de la Terre, l’un des collectifs à l’initiative de l’action, rappelle que les militants se sont «invités» dans la centrale à béton pour «la mettre à l’arrêt» en contestation aux centaines d’hectares de terres agricoles et forestières menacées d’être englouties sous le bitume du projet d’autoroute A133-134.
Mobilisation
«Ce serait malhonnête de dire que la cause pour laquelle ils militent n’est pas légitime et parfaitement respectable», a jugé le procureur, se disant «convaincu en tant que citoyen et procureur qu’on n’en fait pas assez en matière de lutte contre le réchauffement climatique». Il a toutefois souligné que l’«action commando» chez Lafarge et la séquestration du vigile, «contraint de rester 10 à 12 minutes dans son bureau», justifiait une «réponse pénale». «Le combat en la matière est légitime mais pas par des actions qui vont causer d’importants dégâts aux biens», a-t-il dit.
Monde «tentaculaire et criminel» du béton
Me Chloé Chalot, avocate de deux des neuf prévenus, a comme plusieurs de ses confrères, dénoncé de «très nombreuses irrégularités de procédures». «Vous n’avez pas de faits précis. On n’est que dans le registre de la suspicion. Sur la base de quelques éléments matériels, on écrit une histoire. Les photographies sont de piètre qualité, elles ne permettent pas d’identifier mes deux clients», a-t-elle plaidé. Plusieurs procès-verbaux de procédure ont été annulés par les juges comme le demandaient plusieurs avocats.
Du 9 au 12 décembre 2023, plus de 150 collectifs écologistes s’étaient mobilisés contre le cimentier Lafarge et le monde «tentaculaire et criminel» du béton. Au total 56 actions ont eu lieu dans cinq pays différents, à l’appel d’une centaine de collectifs comme les Soulèvements de la Terre et Attac.
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