:quality(70):focal(3566x2112:3576x2122)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/5WTDGIRJ55GG3A6Y4O4KRG2ZJU.jpg)
Témoignages
Article réservé aux abonnés
Dossiers liés
Préparer son exil, s’orienter, se faire comprendre ou garder le lien avec sa famille : le portable est essentiel tout au long des parcours migratoires.
Sur la table d’un café parisien, l’écran de son Iphone dernier cri clignote. L’homme d’une grande élégance répond à l’appel d’une voix posée. Il est occupé. Il rappellera plus tard. Karam Hassan, 36 ans, repose l’objet, désactive les notifications et réajuste son costume en tirant sur les manches de sa veste. Il rentre tout juste du travail. Karam est cadre dans un grand groupe parisien. Il y a une dizaine d’années, il était propriétaire d’un minuscule portable. Avec ses mains il mime un petit rectangle, en souvenir de son Samsung.
Il habitait alors à Khartoum au Soudan. En raison de son engagement politique, il fuit pour l’Egypte puis franchit la Méditerranée. Arrivé à Calais, il rêve d’Angleterre. A cette époque, il garde son téléphone miniature enroulé dans un sac plastique, caché entre les différentes couches qui le protègent de la boue de la «jungle» du nord. Avant de le sortir, il s’assure toujours qu’il n’y a personne autour de lui, prêt à le dérober. «Mon portable, je le serrais contre moi, c’était comme mon bébé. C’était l’objet le plus important pour moi.» Lorsque son téléphone cesse de fonctionner en 2016, une multitude de photographies qui rattachaient encore Karam à son pays natal disparaissent.
Pour Karam comme pour d’autres exilés, le téléphone portable est un kit de survie. Un outil primordial dans l’en
Leave a Comment