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Quatre soirs par semaine son émission Very Good Trip entraîne les auditrices et auditeurs de France Inter dans l’effervescence du grand rock’n’roll circus. Parfois même, il en tire des livres comme Very Good McCartney Trip, inspiré de sa série diffusée cet été sur les ondes de la radio publique. Mais est-ce qu’il y a matière à trip dans ses réponses à notre questionnaire ?
Quel est le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?
Un super-45 tours de Claude François, Qu’est-ce que tu deviens ? Sans doute en 1967, vers mes neuf ans, dans un Prisunic. Mon frère aîné s’était moqué de mon achat.
Votre moyen préféré pour écouter de la musique, MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?
Le chargeur de CD dans ma voiture. J’ai l’impression d’être dans un salon de musique idéal, de flotter sur un tapis volant.
Le dernier disque que vous avez acheté et sous quel format ?
Il y a bien longtemps que je n’achète plus de disques. Je gardais tout religieusement, y compris ce que je n’écoutais jamais. Aujourd’hui je cherche à me désencombrer.
Où préférez-vous écouter de la musique ?
Dans ma voiture. Cela dit, à l’occasion du dernier festival de Montreux, un spécialiste m’a fait écouter le vinyle de Led Zeppelin II sur un système audio de pointe. J’ai été bluffé. J’avais l’impression d’être à l’intérieur de la musique et non d’en écouter une reproduction approximative. Depuis, je rêve d’avoir ça chez moi.
Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
Ma réponse est forcément biaisée puisque j’écoute de la musique pour travailler. Donc j’en écoute plusieurs heures par jour, au casque, en streaming. En revanche dès que je me mets à écrire, impossible. La musique me parasite et me paralyse.
La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?
Ça fait longtemps que je n’ai plus honte de la musique que j’écoute. En 1982, j’ai écrit dans Rock & Folk une chronique à la gloire d’Abba. Des lecteurs ont cru à une provocation post-punk. Pas du tout, j’adorais et adore toujours Abba. Quand je découvre avec plaisir des trucs grand public comme La Kiffance, ça ne me met pas du tout la honte.
Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?
J’ai eu des détestations terribles quand j’étais plus jeune. Supertramp, par exemple. Dès que j’entendais les premières notes de The Logical Song, j’avais envie de vomir ou de tuer. Ça a bien changé.
Le disque qu’il vous faudra pour survivre sur une île déserte ?
Si jamais j’échouais sur une île déserte, je serais heureux d’y entendre n’importe quelle musique. Je me rappelle dix jours passés sur l’île de Funafuti, dans l’archipel des Tuvalu, pour un reportage. Il n’y avait pas grand monde. Je suis allé assister à une messe et j’ai entendu des chœurs polyphoniques, typiques du Pacifique. J’ai eu l’impression de ne jamais rien avoir entendu d’aussi beau de ma vie.
Y a-t-il un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché et pourquoi ?
Island, sans hésiter. Je guettais tout ce qui sortait chez eux : Traffic, King Crimson, Fairport Convention, jusqu’à Roxy Music, les Sparks, John Cale et Eno. Il y avait dans leurs productions un certain air d’élégance et d’exigence, jusqu’au graphisme des pochettes. Quand Bob Marley et les Wailers sont arrivés, je me suis dit : ça doit être bien, puisque c’est chez Island !
Quelle pochette de disque avez-vous envie d’encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?
Mon disque préféré de tous les temps, Pet Sounds des Beach Boys, a la pochette la plus moche de toute l’histoire du disque. J’aime les pochettes débiles, comme celle de Who’s Next des Who où on les voit se reboutonner après avoir pissé contre un gros cube en béton au milieu de nulle part. Maintenant, je ne sais pas si je l’encadrerais.
Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?
Good Vibrations des Beach Boys ou Days des Kinks, selon la longueur de la cérémonie. Les plus courtes sont les meilleures.
Savez-vous ce qu’est que le drone métal ?
J’ai dû passer un titre de Sunn O))) dans mon émission mais, pour être honnête, je décroche assez vite. Il faut s’immerger totalement.
Préférez-vous les disques ou la musique live ?
Dans la musique live, ce qui est unique, c’est qu’on partage le trac de l’artiste. On se dit qu’il peut toujours se casser la gueule. On a donc le cœur qui bat plus fort. La musique enregistrée, c’est un plaisir tranquille éternellement renouvelable.
Votre plus beau souvenir de concert ?
Traffic à l’Olympia en 1973. J’avais quatorze ans, c’était extraordinaire. Steve Winwood chantait, passait de la guitare au piano, improvisait. Il y avait le saxophoniste et flûtiste Chris Wood, la rythmique soul américaine de Muscle Shoals, un percussionniste ghanéen. Traffic était, comme on disait alors, le «Santana européen». J’ai décollé, sans drogue, et ne suis plus jamais retombé.
Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system ou n’allez-vous jamais en club ?
Quand j’étais bien plus jeune, j’imaginais que je rencontrerais une âme sœur (et bien au-delà) à un concert de New Order, par exemple. Ce n’est jamais arrivé. Je danse comme un pied mais j’aime la puissance du son qui vous enveloppe. Ça m’arrive trop rarement, hélas.
Quel est le groupe que vous détestez voir sur scène, mais dont vous adorez les disques et inversement ?
Il m’est arrivé d’être déçu mais jusqu’à détester, non. Peut-être le dernier concert de Gorillaz m’a un peu ennuyé, alors que j’admire Damon Albarn.
Votre film musical préféré ou votre musique de film préférée ?
Almost Famous (Presque célèbre) de Cameron Crowe. Pour l’histoire, avant tout.
Quel est le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Pas grand-chose, hélas. Elle adore Goldman et Balavoine, et même Cabrel, qui ont été pour moi (très injustement) des objets de phobie. J’ai appris à devenir plus tolérant, même si c’est dur.
Le morceau qui vous rend fou de rage ?
Il y a une rage libératrice, comme celle qui me prend quand j’écoute Bodies des Sex Pistols ou M.P.E. de Public Enemy. Le reste, je coupe très vite.
Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Tout ce qu’a enregistré Lana Del Rey me captive. La dernière fois qu’un disque m’a obsédé, c’était Ultraviolence, il y a dix ans.
Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
Je n’ai jamais eu ce fantasme mais je me suis beaucoup projeté, dans ma jeunesse, dans la figure aussi passionnée qu’intransigeante d’Elvis Costello.
La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?
Sans doute Decades de Joy Division. C’est au-delà des larmes, en fait, comme si j’avais pleuré un bon coup avant et qu’arrivait déjà la consolation.
Ses titres fétiches
The Troggs Wild Thing (1966)
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