A Gaza, malgré l’espoir d’un cessez-le-feu, Israël poursuit ses frappes

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Gaza, l’engrenagedossier

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Alors que le Hamas semble optimiste sur un accord avec l’Etat hébreu, 28 personnes ont été tuées au cours de la nuit entre samedi 21 et dimanche 22 décembre, selon la Défense civile du territoire palestinien ravagé par plus d’un an de guerre.

par Youssef Hassouna (bureau de l’AFP dans la bande de Gaza), Sébastien Duval à Jérusalem

Informer depuis Gaza est extrêmement compliqué. Aucun journaliste ne peut y entrer, à l’exception de brèves incursions au sein d’unités de l’armée israélienne. Seuls les journalistes qui étaient sur place avant le 7 Octobre continuent d’informer sur la situation. Parmi eux, des reporters de l’Agence France-Presse, dont nous publions ce jour le reportage.

Le mouvement islamiste du Hamas et deux autres groupes palestiniens ont laissé entendre samedi 21 décembre qu’un accord pour une trêve à Gaza était «plus proche que jamais». Pourtant, les combats ne faiblissent pas d’ici-là le long de la bande côtière palestinienne, touchée à plusieurs endroits en l’espace de quelques heures par des frappes aériennes de l’armée israélienne. L’une d’entre elles a visé dans la nuit un bâtiment scolaire abritant des déplacés dans la ville de Gaza (nord). Elle a fait huit morts, dont quatre enfants, a indiqué la Défense civile à l’AFP.

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Des habitants s’affairaient dimanche matin, au milieu des gravats tachés de sang de l’école Moussa-ben-Noussair, afin de récupérer les affaires qui pouvaient encore être utilisées. «Une grosse explosion et des cris nous ont réveillés, raconte l’un d’eux, Abou Ali al-Jamal. On a retrouvé des femmes et des enfants déchiquetés et des morceaux de chair partout.» «On ne sait pas où aller parce que nos maisons sont détruites et que même les écoles sont prises pour cibles», déplore une déplacée, Oumm Aref Ahel.

«On perd des proches tous les jours»

L’armée israélienne a affirmé avoir mené «une frappe ciblée contre des terroristes du Hamas qui opéraient» au sein de l’établissement «pour préparer des attaques terroristes contre les troupes israéliennes et l’Etat d’Israël». «De multiples mesures avaient été prises en amont de la frappe afin de réduire le risque de toucher des civils», a-t-elle précisé, sans avoir commenté, dans l’immédiat, les autres déclarations de la Défense civile. Selon cette dernière, une frappe visant le domicile d’une famille à Deir el-Balah (au centre de la bande de Gaza) a fait treize autres victimes.

Enveloppés dans des couvertures, deux corps y reposaient sur le sol poussiéreux alors que des habitants fouillaient les décombres, au soleil levant, à la recherche d’éventuels survivants. «On perd des proches tous les jours, dit Naïm al-Ramlawi. Je prie Dieu pour qu’une trêve ait lieu rapidement et qu’une solution soit trouvée pour qu’on puisse vivre normalement.»

Les secouristes gazaouis ont également fait état de trois morts, «non identifiés», dans une frappe près de Rafah (au sud), et de quatre autres dans la ville de Gaza, lors d’une attaque de drone confirmée à l’AFP par une source de sécurité israélienne.

Le pape condamne à nouveau la «cruauté»

Ces nouvelles violences ont poussé le pape François à condamner, pour la deuxième fois en deux jours, la «cruauté» des frappes contre Gaza, en dépit des protestations de la diplomatie israélienne, qui l’avait accusé la veille de faire du «deux poids, deux mesures». «C’est avec douleur que je pense à Gaza, à tant de cruauté, aux enfants mitraillés, aux bombardements d’écoles et d’hôpitaux», a-t-il dit à l’issue de la prière dominicale de l’Angélus.

Le directeur de l’hôpital Kamal-Adwan, l’un des deux seuls encore opérationnels dans la bande de Gaza, a affirmé dimanche que les générateurs alimentant son établissement ont été touchés. «L’armée essaye de viser le réservoir de carburant, ce qui fait courir un gros risque d’incendie», dénonce Hossam Abou Safia. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a nié toute frappe en direction de l’hôpital.

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 208 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien, dont 96 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l’armée.

Selon le dernier bilan des autorités sanitaires locales dimanche 21 décembre, 45 259 personnes, en majorité des civils, ont été tuées à Gaza dans la campagne militaire israélienne de représailles depuis le 7 Octobre, des données jugées fiables par l’ONU.

Libération