Le gouvernement Bayrou sera-t-il à la hauteur du moment ?

Promise ce week-end, l’annonce de la composition de la nouvelle équipe ministérielle se fait toujours attendre. De quoi inquiéter en pleine crise démocratique.

Pour commencer, avant de commenter la difficulté que rencontre manifestement François Bayrou à composer son gouvernement, il y a cette musique dans la tête, la nôtre, celle des Français, qui nous rappelle quelque chose. Ce moment où, cet été, la politique a disparu des radars le temps des Jeux olympiques. La fameuse pause décrétée par Emmanuel Macron, qui, avouons-le, avait sur le moment fait du bien à tout le monde. Ses conséquences dommageables s’imposeront plus tard.

Là, ce sont les fêtes de fin d’année qui, se surprend-on à espérer, vont remettre la politique en pause. Place aux confiseries. Etrange mélange en réalité, entre ce désir évident de mise à distance et l’inquiétude face à ce que ce même désir signifie : une absence réelle d’attente qui en dit long du malaise démocratique français. Alors ? Y aura-t-il un gouvernement à Noël ? François Bayrou l’a promis. Il peine manifestement à tenir sa promesse. Il souhaite une équipe de poids lourds. Les noms dimanche d’Elisabeth Borne, de Gérald Darmanin, de Xavier Bertrand circulaient. Le maintien au ministère de l’Intérieur de Bruno Retailleau semble, lui, quasi acquis. Des poids lourds pour mieux affronter la difficulté des temps, pourquoi pas. Mais ils ont manifestement l’art de se faire désirer. Ou le poids politique d’imposer des conditions.

C’est là que le bât blesse. De quelles conditions parlent-ils ? Sont-elles à la hauteur du moment de crise politique que traverse le pays ? Le doute est permis. Et ce doute est un poison. Un venin qui circule dans les veines de notre démocratie. Il n’a bien sûr pas attendu les négociations autour de la composition de ce gouvernement pour le faire. Il circule dans les membres de notre corps démocratique depuis un moment. Mais c’est avec inquiétude que l’on se demande si ses organes vitaux ne commencent pas à manquer sérieusement d’oxygène.